C’est aujourd’hui la fin de notre décompte annuel des espoirs les plus importants du CH.
Après avoir discuté des mentions honorables, nous avons maintenu l’ordre suivant, un ordre qui, à la lumière des nouvelles informations du dernier camp d’entraînement, méritera une certaine révision en conclusion de cet article :
12. Filip Mesar
11. Jordan Harris
10. Joshua Roy (égalité au 9e rang)
9. Logan Mailloux
8. Sean Farrell
7. Cayden Primeau
6. Justin Barron
5. Kirby Dach
4. Lane Hutson
3. Kaiden Guhle
2. Cole Caufield
Nous voici donc rendus à l’analyse et la justification de la première place de ce palmarès que l’on attribue à nul autre que Juraj Slafkovsky.
Comme le printemps dernier quand, contre vents et marées, on le préférait à Shane Wright un mois et demi avant le repêchage, on ne s’attend pas à faire l’unanimité en plaçant Slafkovsky au premier rang!
Ceux qui choisissent Caufield se disent, en gros, « un tiens vaut que deux tu l’auras . »
Ceux qui choisissent Slafkovsky pensent pour leur part que « dans son cas, je veux bien parier sur les deux tu l’auras! »
C’est le camp qu’on a choisi (de justesse) et qu’on tentera ici de justifier, mais en aucun cas l’idée ne sera de rabaisser l’un pour remonter l’autre : ce sont deux espoirs avec des profils élites différents.
C’est pour ça qu’au final un minuscule .5% les séparent dans notre analyse.
Par ici, on accorde un potentiel général légèrement supérieur à Slaf, avec un 38/40 (37 pour Caufield)
Par là, étant donné son âge et ses réalisations passées dans la LNH, on donne un peu plus d’assurance à Caufield (de réaliser son potentiel 18/20)
Mais du côté de la valeur d’usage (de sa rareté) et de la valeur d’échange, on se doit de donner l’avantage à Slafkovsky.
Au bout du compte, si on avait à mettre des lunettes de dirigeants, Slaf nous apparaîtrait donc comme le plus important espoir de l’équipe, celui autour duquel on bâtirait davantage notre équipe, celui qui serait un peu plus déterminant dans les succès futurs de l’équipe.
1. Juraj Slafkovsky
Potentiel : 38/40
Assurance : 16.5/20
Valeur d’usage (rareté) : 27.5/30
Valeur d’échange : 9/10
Total : 91 / 100
Potentiel
Si on fait exception de Stéphane Richer, double marqueur de 50 buts qu’on comparait parfois à son idole Guy Lafleur, de mémoire, depuis près de 40 ans, aucun joueur repêché par le Canadien n’a soulevé des comparaisons aussi intrigantes et excitantes que Juraj Slafkovsky. Lorsqu’en plus de multiples recruteurs et hommes de hockey, le légendaire Jaromir Jagr trouve lui-même que le jeune Slovaque lui ressemble lorsqu’il avait 17 ans, ça en dit long! Personnalité, physique impressionnant, manière de protéger la rondelle, etc.
Bien sûr, à ce stade-ci, on ne peut parler que de style semblable, un peu comme Gretzky lui-même peut trouver que Elias Pettersson lui ressemble.
Donc, attention amis lecteurs! On ne dit pas que Slaf sera le prochain Jagr!
En temps et lieu, on verra pour les points au compteur, la carrière et les honneurs, mais pour l’instant, si on compare le style, la personnalité et les accomplissements sur la scène internationale des deux joueurs à 17 ans, on n’a pas le choix de dire avec plusieurs recruteurs et hommes de hockey européens qu’ils se ressemblent un peu. Regardez ici comme il utilise sa vitesse et son physique pour ensuite envoyer une superbe à son compatriote Mesar au camp des recrues :
Il y a bien sûr d’autres comparatifs très pertinents qui vont de Nichushkin à Svechnikov en passant par Hossa, Rantanen, Nash et Benn, mais tout ça nous place encore, au bas mot, dans la catégorie des très bons power forward de leur génération, des joueurs souvent très complets ayant une touche spéciale autour du filet, ce que démontre aussi le principal intéressé.
Nous sommes donc en présence d’un joueur au développement physique très avancé pour son âge et dont le potentiel est très élevé même si on n’en connaît pas encore les limites.
Certains comme Scott Wheeler chez Athletic pensent que Slafkovsky pourrait même devenir trop grand et ainsi perdre en efficacité dans le style de jeu qu’il veut jouer. On laissera pour notre part ces hypothèses aux endocrinologues et à Slafkovsky lui-même…
Mais pour revenir à nos comparatifs, j’aime beaucoup les chances de Slafkovsky de devenir un des attaquants de puissance les plus complets de sa génération. Déjà, on voit de multiples facettes dans son jeu, allant de sa créativité, à sa protection de rondelle, en passant par ses replis défensifs et encore ses passes lumineuses :
Bien sûr, on aurait aimé que Slafkovsky enfonce quelques buts en matchs présaison pour nous rassurer un peu plus sur sa touche de marqueur. Mais bon, à sa place, à 18 ans, je pense qu’on aurait été plusieurs à tenir notre bâton un peu plus serré qu’à l’habitude! Caufield, un marqueur encore plus naturel que Slafkovsky, est passé par là l’an dernier exposant 10. Rien d’anormal ici.
À sa défense, il lui est aussi arrivé ceci :
Mais somme toute, malgré quelques matchs plus ordinaires, Slaf a bien géré la pression durant le camp et n’a pas volé sa place dans l’équipe. Les buts viendront parce qu’à chaque match il a eu des occasions de marquer en plus d’en avoir régulièrement créé pour ses coéquipiers.
Assurance
Deux camps s’opposent ici aussi : les pessimistes et les optimistes.
Les pessimistes vont bien sûr pointer en direction de ses statistiques avec Turku et dire que 153 joueurs prometteurs du même âge ont eu des meilleures statistiques que lui dans la Liiga au cours des 12 dernières années. On exagère à peine.
Du côté des optimistes, dont la direction du CH fait partie, on va dire que Turku et la Liiga présentent en général un jeu archi défensif et que Slafkovsky a eu peu de temps de jeu et de liberté pour montrer son véritable savoir-faire. On dénote aussi qu’il a tout de même trouvé le moyen de faire progresser son jeu tout au long de la saison avec Turku.
Or, le vrai Slaf s’est manifesté lors des trois plus gros tournois internationaux auquel il a participé (si on ne compte pas ses deux matchs lors du CMJ qui a finalement été reporté/annulé), le Gretzky-Hlinka, les Olympiques et le Championnat mondial, où il a été plus souvent qu’autrement le meilleur joueur des siens.
On notera que ces deux derniers tournois ont été joués contre des professionnels qui, mis ensemble, comptaient des milliers de matchs d’expérience dans la LNH.
Voilà donc où le CH peut tirer énormément d’assurance que Slafkovsky sera en mesure de réaliser son plein potentiel : en plus de bien s’en tirer chez les pros en Finlande dans un contexte difficile, il a déjà étalé tout son talent de façon très convaincante sur la scène internationale à des niveaux de jeu supérieurs au hockey junior canadien et au hockey universitaire américain.
Puis, au-delà des accomplissements sportifs, on ne peut passer sous le silence son profil psychologique qui semble le rendre parfaitement apte à réussir dans un environnement souvent tendu et bouillant comme Montréal. Slaf est sérieux et très compétitif sur la patinoire, mais il se montre drôle, calme, sûr de lui et débonnaire en dehors de celle-ci. On peut penser qu’avant longtemps, il sera un des grands leaders de l’équipe et qu’il aidera tout le monde à rester sain d’esprit lorsque la pression montera.
Bien sûr, on aurait aimé un peu plus de résultats de sa part au camp d’entraînement. On aurait aussi aimé le voir plus endurant, plus solide sur ses jambes et meilleur lors de deuxième match en deux soirs.
Mais, il a tout de même été meilleur que plusieurs ailiers de l’équipe durant celui-ci, à commencer par Hoffman et Drouin, des compétiteurs directs à l’aile gauche.
Et qu’il ait fait le club sans rien voler à personne est déjà tout un résultat! On compte chaque année sur les doigts d’une seule main (une main avec pas beaucoup de doigts) les jeunes de 18 ans qui jouent dans la LNH.
Enfin, n’oublions pas que pour lui, le camp d’entraînement n’est qu’une partie de son développement et de son adaptation à la LNH. Ça se poursuivra dans les prochaines semaines.
À la place de St-Louis, on ferait un peu comme aux Olympiques et au Championnat mondial, le laissant prendre ses aises sur un troisième trio en début de saison et, le moment venu, si l’adoption se fait bien, lui offrir une audition sur le premier trio.
Slaf ne fera pas que survivre dans la LNH à 18 ans, il a le talent et les outils pour avoir un certain impact dès maintenant et c’est pourquoi il ne devrait pas manquer de glace en haut.
Cette expérience ne fera que le rendre meilleur l’an prochain.
Valeur d’usage
En plus de nous en dire long sur son immense potentiel, la sélection de Slafkovsky au premier rang témoigne aussi de l’incroyable valeur d’usage que le CH voit en Slafkovsky.
Pour le recruteur en chef du CH en Europe Christer Rockstrom, Slafkovsky, avec sa carrure, sera une « pièce du puzzle » très importante d’ici quelques années parmi un paquet de bons joueurs de plus petites statures, comme on peut l’entendre à partir de 7:20 du prochain vidéo.
Mais c’est Nick Bobrov qui à compter de 8:20 y va sans doute du plaidoyer le plus fort en faveur du gros Slovaque, un deux minutes et demi d’anthologie qui nous laisse croire que Bobrov pourrait jouer dans n’importe quel film de scouting!
Considérant la taille de Caufield et Suzuki, les deux vedettes offensives de l’équipe, et l’incapacité des entraîneurs à leur trouver un compagnon de trio apte à les aider sur une base régulière, il est évident que Slafkovsky cochait plusieurs cases pour l’état-major du club.
Bien sûr, Slafkovsky n’évoluera pas nécessairement avec Caufield et Suzuki tout au long de sa carrière. En fait, on ne sait même pas s’il jouera avec eux l’an prochain. Mais l’idée générale c’est que Slaf possède des attributs physiques et des habiletés qui, en théorie, complèteront à merveille les deux autres.
Je pense principalement aux batailles le long de rampes, en fond de territoire ou devant le filet qui aideront surtout Caufield. Je pense aussi à sa capacité à transporter la rondelle qui va alléger la tâche pour Suzuki qui, en raison de sa vitesse et de sa portée, montre un taux de réussite plutôt moyen en avantage numérique dans cette phase de jeu, surtout si on le compare aux meilleurs de la LNH à ce chapitre.
Dans les rangs juniors et depuis leur arrivée chez les pros, ni Suzuki ni Caufield n’ont pu évoluer avec un joueur ayant le profil et le style de Slafkovsky. Peut-être un peu Matt Boldy du côté de Caufield, mais bon…Il faudra laisser le temps à Slaf de s’adapter à la vitesse de la LNH et à des joueurs aussi talentueux que ces deux-là, mais on a toutes les raisons de croire que la pâte va lever tôt ou tard…
Et si on voit en lui des traces de Marian Hossa, il ne faudrait pas non plus se surprendre qu’il évolue un jour en désavantage numérique ainsi que dans les situations cruciales de fin de période ou de fin de match.
Les chevaux de trait ont besoin de glace, beaucoup de glace et il aura à Montréal.
Valeur d’échange
Le fait que le Canadien n’ait pas transigé son choix, que Slafkovsky ait été choisi premier et qu’une majorité d’équipe l’avait vraisemblablement inscrit au premier rang de leur liste en vue du repêchage 2022, n’a fait qu’augmenter et consolider sa valeur sur le marché.
Pour la suite, en ce qui a trait à sa valeur marchande, tout est cependant conditionnel. Comme pour n’importe quel joueur, celle-ci peut atteindre des sommets encore plus élevés comme elle peut se dissoudre telle une cuillerée de sucre dans un verre d’eau chaude.
Même s’il a été choisi premier et qu’il possède un profil de power forward au talent supérieur, un profil très convoité dans toute la LNH, sa valeur peut varier énormément dans la prochaine année en fonction de ce qu’il pourra réaliser ou non.
Une saison de 20 buts et plus et des mentions pour le Calder, voire même le Trophée Calder? Hughes sera mort de rire si on ose l’appeler pour s’enquérir de sa disponibilité.
Une saison couci-couça de 25, 30 points sur le 3e trio? Des renvois chez le Rocket? Hughes se montrera très calme et patient, mais il pourrait prendre des notes si on l’appelle.
Une saison désastreuse causée par une attitude douteuse et/ou une incapacité à s’adapter à la LNH? Sa valeur prendrait une méchante débarque, ce qui placerait Hughes dans une position délicate. Avec son passé d’agent, Hughes se montrerait probablement patient et créatif pour la suite du développement du jeune, mais c’est une situation qui ne serait pas s’en rappeler celle des Oilers avec Puljujarvi il y a quelques années.
Même si à 24 ans, il retombe un peu sur ces pattes et qu’il peut éclore sur le tard, un peu comme Nichushkin vient de le faire à 27 ans avec l’Avalanche, la valeur de Puljujarvi n’a jamais été aussi haute que lors de la journée du repêchage de 2016…
Bref, la prochaine saison sera déterminante pour cet aspect plus business du joueur de hockey qu’est Slafkovsky.
Mais, peu importe comment le scénario va se développer en 2022-2023 ne vous attendez pas à voir Slafkovsky quitter Montréal dans un proche avenir.
Une telle rareté, ça n’a (presque) pas de prix.
Conclusion
Peut-être le Canadien connaîtra-t-il une autre saison catastrophique qui le verra terminer dans les bas-fonds de la LNH lui donnant ainsi la possibilité de repêcher Connor Bedard ou un autre joueur de très fort calibre dans le top 10 en 2023.
Mais pour l’instant, Juraj Slafkovsky, sans être un joueur concession dans le plus pur sens du terme, disons, le sens mcdavidien, représente tout de même un joueur au profil absolument unique au sein de l’organisation, un profil aussi très rare dans la LNH. Un joueur qui, à terme, pourrait peut-être nous rappeler les beaux jours de Kovalev, nous montrer des flashs de Jagr, nous montrer une version plus pesante de Marian Hossa, mais surtout, un joueur qui devrait rendre ses coéquipiers, principalement les Caufield et Suzuki, encore bien meilleurs dans leurs forces respectives.
Bref, le cheval Slafkovsky est présentement le joueur montrant le profil le plus à même de tirer vigoureusement ce club vers le haut.
Prolongation
Classement revisité
Le classement du top 12 que nous avons présenté ici a été établi sur une période de plusieurs mois qui s’est terminée quelque part lors du dernier Championnat mondial junior au mois d’août. C’était donc avant les camps du Canadien, qui ont su nous fournir des nouvelles informations qu’on ne peut ignorer aujourd’hui.
Par exemple, Joshua Roy a été un des bons joueurs du Canada lors du CMJ, mais Owen Beck n’avait même pas été retenu. On lui avait préféré Riley Kidney. Imaginez!
Sans aucunement avoir été mauvais, suite à une blessure au petit doigt, Roy s’est fait plutôt discret au camp. Le plan de le renvoyer à Sherbrooke semblait très clair depuis des mois.
Mais Beck a pour sa part été une des sensations du camp des recrues et du gros camp du CH. Si bien que Beck, un joueur qui ne comporte aucune faille et qui serait déjà capable de gagner environ 50 % de ses mises au jeu dans la LNH, se devrait aujourd’hui d’être présent dans notre top 12! À notre défense, il était clairement le 13e sur notre liste.
Mais bon, au moment d’écrire ces lignes, je n’hésiterais pas à la placer entre la sixième et la huitième place en étant conservateur.
Grant McCagg le voit même percer la formation du CH dès l’an prochain. Les dirigeants de la Flanelle ont dû lui dire des choses, car Beck, le meilleur joueur-étudiant de toute la LCH l’an dernier (le Trophée Bobby Smith!), n’a fait ni une ni deux et a décidé de mettre ses études de côté cette saison pour se concentrer uniquement au hockey.
Un autre qui a fait un bond de géant dans notre estime est bien sûr l’autre brute de 6’4, 238 lb, Arber Xhekaj. On avait aimé sans plus Xhekaj à la Coupe Mémorial. On voyait son énorme confiance à chacune de ses présences sur la patinoire, mais il avait été très souvent brouillon avec la rondelle, se fiant un peu trop sur son avantage physique évident. C’est pourquoi on l’avait classé dans nos mentions honorables, disons dans le top 15. Mais Xhekaj a justement corrigé exactement ce qu’on lui reprochait et semble avoir compris très rapidement que la gestion de la rondelle doit être beaucoup plus sécuritaire et efficace dans la LNH.
Aujourd’hui, je n’aurais par exemple aucun mal à exclure un Harris (11e) du top 12 pour inclure Xhekaj, qui présente un profil beaucoup plus rare.
On le ferait même passer devant Barron – un des grand perdant du dernier camp – qui n’a pas semblé avoir progressé suite à sa blessure qui a sans doute affecté sa préparation et son entraînement estival. Xhekaj, qui ne présente pas non plus de grandes faiblesses dans son jeu, semble même avoir des chances très légitimes de s’établir un jour dans un très bon top 4 de la LNH.
Donc, en date d’aujourd’hui, si on avait à refaire notre classement final, ça ressemblerait plutôt à ceci :
12. Joshua Roy (égalité avec Justin Barron ?)
11. Logan Mailloux (Dommage qu’il n’ait pas pu jouer au camp…)
10. Filip Mesar
9. Arber Xhekaj
8. Cayden Primeau
7. Sean Farrell
6. Owen Beck
5. Kirby Dach
4. Lane Hutson
3. Kaiden Guhle
2. Cole Caufield
1. Juraj Slafkovsky
Rien ne change dans le top 5, mais beaucoup de mouvements entre les rangs 6 à 12!
Bonne saison tout le monde!