Les mots « chronique controversée » quand on parle d’un texte de Guy Fournier consistent pour ainsi dire en un pléonasme, entendons-nous.
Le chroniqueur au Journal de Montréal écrivait en 2018 que notre télévision présentait trop de minorités, surtout à l’antenne de Radio-Canada (« Est-il encore possible de produire une fiction qui ne compte pas un gai, une lesbienne, un bisexuel, un transgenre ou un queer? »). En 2013, Pénélope McQuade réagissait à un texte misogyne qu’il avait écrit à son sujet (« Malgré le généreux étalage qu’elles font de leurs charmes, particulièrement l’été, la plupart des jeunes femmes d’aujourd’hui s’insurgent ou s’indignent dès qu’on les remarque ou que les regards masculins se font plus insistants »).
C’est sans compter la phrase bourrée de préjugés et de faussetés publiée dans le 7 Jours qui lui a coûté son poste de président du conseil d’administration de Radio-Canada, en 2006 : « Au Liban, la loi permet aux hommes d’avoir des relations sexuelles avec des animaux à condition qu’il s’agisse de femelles! Faire la même chose avec des bêtes mâles peut entraîner la peine de mort. »
On peut donc avoir une idée d’à quoi s’attendre en ouvrant un des billets de Guy Fournier, qui signait mardi dans le Journal de Montréal un texte intitulé Les ricaneuses de Radio-Canada. Difficile d’argumenter que les propos qu’il y tient ne sont pas sexistes, puisqu’il reproche aux animatrices du réseau de… rire. En plus d’oser avoir du plaisir, ces femmes « bombardent leurs pauvres invités de questions, finissent leurs phrases et leur coupent la parole », selon lui. Même qu’elles « leur brandissent leur savoir à la face et formulent en forme de réponses des questions auxquelles elles brûleraient de répondre elles-mêmes ».
Eh oui, les animatrices d’ICI Première « font grand étalage de leurs connaissances et déclinent tous les mots et toutes les expressions qui sont dans l’air du temps » et leur « verbiage de haut vol » fait que l’auditeur se perd ou se sent « tout petit », selon l’homme de 89 ans qui se fait également méprisant du travail des chroniqueuses de la chaîne.
Nul besoin de vous dire qu’on estime grandement le travail de Marie-Louise Arsenault, Annie Desrochers et Rebecca Makonnen, trois femmes nommées dans le billet de Guy Fournier, et qu’on rejette avec un rire jaune l’ensemble de sa critique. Bien heureusement, notre équipe n’est pas toute seule, puisque la twittosphère a été alimentée par les commentaires de bien des gens, dont plusieurs personnalités publiques.
Chronique 383747383 de Guy Fournier pour cracher sur Radio-Canada. N’y a-t-il pas une limite un moment ?
— Pierre-Yves McSween (@PYMcsween) July 13, 2021
je vais développer un « show » de radio : les ricaneuses 😜 au micro que des femmes intelligentes et heureuses
— jessica barker (@lafrancebarker) July 14, 2021
Moi itou ! Please !
— Alex Perron (@alexxxperron) July 13, 2021
Hahahahaha « les femmes ont gagné la guerre des ondes » Hahahha, ça faisait longtemps que j’avais pas rigolé autant!! T’sais, un rire assumée qui écorche les ti-meusse. https://t.co/vxiwK8b84a
— Anaïs Favron (@anaisfavron) July 14, 2021
Guy Fournier a grandi et prospéré en télé. Il devrait googler l’expression « Jump the shark ». C’est ce qu’il a fait avec cette chronique.
S’il a Google, bien sûr. https://t.co/0CTfGjTkiy— Patrick Lagacé (@kick1972) July 14, 2021
Faudrait pas trop parler et faire étalage de quoi que ce soit. Les madames ne devraient pas non plus trop rire. Mais, surtout, les madames devraient rester à leur place. Les vieux monsieurs pognés dans le formol aussi, tant qu’à moi. https://t.co/g1tCfqFPv6
— Geneviève Pettersen (@GenPettersen) July 13, 2021
J’ai googlé « Misogynie », pis le premier résultat en haut c’était ça.https://t.co/xVoTXcnPXj
— Mathieu Charlebois (@OursMathieu) July 13, 2021
You really have to be a bitter old fart to complain about something as wonderful as @mlarsenault’s great laugh. My God. 🙄 https://t.co/LRKrHU1urV
— Lesley Chesterman (@lesleychestrman) July 14, 2021
Varda Etienne et Caroline St-Hilaire ont même dédié un segment de leur émission à la question.
Comme quoi il y a encore beaucoup de travail à faire pour les femmes dans les médias.