Ce matin, je me suis réveillée et mon regard s’est arrêté sur la pile de livres posés sur mon bureau. Ce moment s’est accompagné d’un fort sentiment d’impuissance; je ne suis pas arrivée à faire ce que j’avais prévu. Il y a eu, en début de confinement, tous ces messages qui circulaient sur les réseaux et qui disaient que ce n’était pas une course, que c’était normal de ne pas être capable d’accomplir autant qu’à l’habitude, que le corps était fatigué par la situation, etc.
Mais je suis de nature intense. Je me suis souvent fait fouiller aux douanes, car j’apporte trop de livres dans mes valises et ça semble louche (les livres passent au scanner comme des liasses d’argent, apparemment, alors soyez averti.e.s).
Ma réaction initiale au confinement a donc été « Ohh, du temps! » Et comme j’ai déjà vécu le moment où je fais mon propre pain, prépare des barres tendres et suis un cours de yoga tous les matins, been there, done that. D’ailleurs, petite parenthèse, c’est vraiment l’fun d’incorporer différents grains, des fruits séchés et des épices à votre recette de pain, soit dit en passant.
Donc, après le temps passé en cuisine et en poses de yoga, je me suis lancée dans les formations en ligne et la lecture. Les MOOC, vous connaissez? Le nom signifie Massive Open Online Course; ce sont donc, comme leur nom l’indique, des cours gratuits disponibles en ligne. Vous pouvez Googler, il en existe vraiment des tonnes. Je me suis inscrite à 11 MOOC, sur divers sujets d’intérêt public ou en lien avec ma profession.
J’ai aussi sorti une pile de livres. J’avais quelques livres de la bibliothèque, parce que j’emprunte souvent beaucoup trop d’ouvrages en même temps. De cette pile de livres, dont 4 de la bibliothèque, j’ai lu 2 livres. Je n’ai même pas terminé les livres empruntés à la bibliothèque lors de ma visite du début du mois de mars. De ces 11 MOOC, j’en ai terminé un seul et j’en terminerai probablement un autre dans les prochains jours.
Je n’ai pas chômé. Bien, au sens littéral du terme, oui, je reçois du chômage, mais je me suis tenue occupée. Chaque matin, j’ouvre mon ordinateur, je prends un café. Moi qui n’ai jamais été du type 9 à 5 – même en ayant un travail de bureau, je faisais des horaires extravagants – le confinement a eu raison de mon horaire; je mange aux mêmes heures, je travaille aux mêmes heures. Et j’ai peur du retour. J’ai peur parce que je ne sais pas ce que je fais de mes journées, mais je sais que j’aime ça. Et je sais que les journées passent, sans que je les voie passer.
À la maison, nous avons un mur sur lequel nous indiquons chaque journée de confinement qui passe et je ne réalise pas que nous en sommes à plus de 30 jours… On parle de rouvrir les garderies, les écoles, les CPE; mon métier, quoi! Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment, je ne sais pas combien d’heures je vais travailler. Je ne sais pas encore si je serai à temps partiel, comme en début de crise, ou alors si nous serons tous là, mais avec un nombre réduit d’enfants.
Je sais simplement que pour moi, la fin approche et je ne sais pas comment je vais réintégrer mon ancienne routine. On dit que ça prend 21 jours pour intégrer une nouvelle habitude… ma routine de confinement est donc bien intégrée maintenant.
Nous arrivons en haut de la courbe, et bien que j’aie accompli beaucoup pendant ces 30 jours et plus, je sens que je n’ai pas accompli assez. Et si la normale, c’était ça? Et si nous ne devions pas revenir à nos vies d’avant? Et si on changeait nos perceptions et nos routines?
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