Mon chum et moi, on a toujours été deux personnes extraverties, opiniâtres et aux caractères forts (surtout lui, lol!). Donc, lorsque nous voulions agrandir notre famille et que ce fut le temps de se magasiner une nouvelle maison, nous avions des opinions très divergentes. Nous sortions tous les deux de constructions neuves et j’espérais cette fois-ci acheter une maison qui avait de l’âge que nous pourrions rénover et mettre à notre goût. Rémi quant à lui, voulait encore une maison neuve ou récente.
Il magasinait un petit clé en main à un prix de fou. Il cherchait très souvent dans les quartiers de riches où il n’y a pas un chat dehors et que ça sent la faillite (la mienne en tout cas!).
Bref, ce fut des mois d’argumentation à n’en plus finir. Puis, un jour où j’étais enceinte de quelques semaines de notre deuxième, nous sommes tombés sur la seule maison qui a fait l’unanimité de notre couple: notre petite maison de rêve.
Cette belle maison avait tout pour nous plaire: elle était dans le quartier de notre choix, elle avait le garage et le terrain qui correspondaient aux critères de Rémi, elle était abordable et assez âgée pour qu’on puisse faire les rénos dont moi je rêvais. C’était la seule maison qui plaisait à Rémi qui était une construction des années 80. Nous voulions refaire tous les planchers, les escaliers, la cuisine au grand complet et pour finir, la chambre principale (rien que ça!). Alors, un soir de septembre, nous avons fait une offre conditionnelle à la vente de notre petit jumelé.
Dans nos têtes, j’avais en masse le temps d’accoucher avant le déménagement, car le marché des jumelés dans la ville de Québec n’était pas un marché florissant. Et comme notre jumelé n’avait pas encore 5 ans, il y en avait d’autres encore en construction dans notre rue. En plus des 3 autres à vendre par d’autres propriétaires comme nous. Bref, il y avait beaucoup d’offre pour très peu de demande. Mais voilà qu’à 6 mois et demi de grossesse, 2 mois après avoir mis le jumelé à vendre, les étoiles se sont alignées et on a reçu une offre signifiant qu’on devait « déguerpir » pour le 1er mars.
Voyez-vous, la date prévue de mon accouchement était le 30 mars. Je savais qu’au déménagement, j’aurais 36 semaines de grossesse, que j’emménageais dans un chantier et je devais entreposer mes meubles et vivre dans un appartement en attendant que la maison soit prête. C’était vraiment un projet de fou! Je comptais les jours et je me rendais compte que la journée du déménagement, nous avions 26 jours pour tout détruire dans la maison (excepté les salles de bain, thank god) et pour tout reconstruire.
Et le on exclu vraiment la personne qui parle, car je serais enceinte de 36 semaines alors je ne pourrais pas faire grand-chose. Et Rémi a beaucoup de belles qualités, mais il n’est pas manuel. Fait qu’il nous fallait de la main-d’?uvre et vite. Par contre, Rémi est le meilleur négociateur qui existe. Nous devions magasiner un cuisiniste, des planchers, des escaliers, un électricien, un tireur de joints, un peintre et un entrepreneur. À tous ces quarts de métier, nous devions coordonner chacun d’eux pour qu’ils viennent en temps pour le 26 jours que j’avais de lousse pour les rénos avant mon accouchement.
À ce moment précis, nous aurions dû nous dire que ça n’avait pas de bon sens, que c’était impossible et repousser nos rénovations après l’arrivée du bébé. Mais non…
Mon père avait rénové sa cuisine avec une cuisiniste et un entrepreneur quelques mois avant notre déménagement. Pour refaire sa cuisine et les planchers de celle-ci, ça avait pris 6 semaines. 6 semaines! Moi, j’avais 26 jours pour refaire la maison au grand complet. C’est certain que ce « défi » était possible, avec l’aide d’un bon entrepreneur. Parce que Rémi et moi, on travaillait tous les deux temps plein en plus d’avoir un terrible two à gérer.
Pour ma part, je devais également gérer ma rétention d’eau et mes hormones dans le tapis. L’affaire, c’est que les soumissions d’entrepreneurs que j’ai reçues étaient disproportionnellement élevées. Rémi et moi, nous connaissions un gars de construction à la veille de sa retraite qui était prêt à nous aider. Ainsi, avec l’aide de notre « Jo Blo », nous allions sauver des dizaines de milliers de dollars. Par contre, nous devions tout magasiner nous-mêmes, tout planifier et coordonner tous les quarts de métier. Encore à ce moment, j’aurais dû me dire que c’était impossible.
Je ne connaissais pas grand-chose en construction, mais Rémi m’expliquait que lorsqu’un quart de métier a du retard, tout le reste décale et tombe en retard. Car les escaliers doivent être faits avant les planchers, les planchers sont faits avant la cuisine, l’électricien vient avant le plombier, le plombier vient avant les armoires de cuisine, les comptoirs arrivent ensuite et l’arbre est dans ses feuilles. Comprenez-moi bien, si les escaliers arrivaient en retard, tout le reste décalait.
Pour ce qui est du magasinage, je devais tout acheter moi-même: les portes, les moulures, les feuilles de gyproc, les vis, les 2×4, les 4X6 etc, etc. J’ai arrêté de travailler 4 semaines avant la date prévue de mon accouchement et j’ai passé mes 3 dernières semaines de grossesse chez Canac, Reno Dépôt, Rona et Home Dépôt avec mon chariot rempli de stock à prier que je ne crèverais pas mes eaux entre deux allés de vis. Les employés des quincailleries me reconnaissaient. Tout le monde devait penser que j’étais folle. Et à certains points, j’ai commencé à me le demander moi aussi.
Finalement, nous avons eu droit à un miracle, car nous n’avons eu aucun retard et c’est beaucoup grâce à mon Rémi. Tout s’est passé comme prévu et j’ai accouché seulement 6 jours avant la date prévue (merci bébé). Il manquait juste mes comptoirs de cuisine et quelques petites finitions de mon électricien. Les gens de mon entourage n’y croyaient pas que nous avions réussi toutes nos rénovations dans les temps. Nous avons rénové une maison au grand complet en 26 jours avec une maman enceinte de 9 mois. C’était un vrai marathon!
Si c’était à refaire, je ne referais jamais cela! Disons qu’il faut aimer le challenge et l’adrénaline. C’est déjà bon que Rémi et moi en sommes sortis tous les deux vivants. Je ne suis pas bonne en mathématique, mais manque de sommeil + terrible two + déménagement + grosses rénovations + chantier dans ta maison + nouveau bébé = Au secours.
Aux futures mamans qui lisent ces lignes: je ne vous conseille vraiment pas de vous lancer dans des projets aussi fous avant l’arrivée de votre bébé. C’est bien correct que le projet soit de peinturer la chambre du petit à venir. Et si vous voulez tout de même tenter votre chance, assurez-vous d’être bien entouré.e.s. Ou d’avoir un Rémi qui négocie comme un Dieu. Et pour celles à la recherche de challenge et d’adrénaline, vous pouvez vous lancer dans le projet d’assembler la couchette du bébé avec votre douce moitié. Parce qu’assembler un meuble, ça aussi ça peut être difficile sur un couple…
Vous êtes-vous lancée dans des projets de fou alors que vous étiez enceinte?