Le plateau de Tout le monde en parle a semblé dévier du sujet principal à plusieurs reprises lorsqu’il s’est attardé à l’affaire Claude Jutra, lors de son édition du dimanche 21 février.
Le défunt cinéaste maintenant accusé de pédophilie n’aura pas véritablement été au coeur du débat, alors que la soirée s’est davantage construite autour des excuses de Marc Béland et du procès des intentions de l’auteur Yves Lever.
Les excuses de Béland auront été trop longues et franchement hors propos, alors que les spectateurs s’attendaient à entendre davantage parler de Claude Jutra et de la suite des choses que des états d’âme d’un comédien et metteur en scène. Marc Béland a tout de même reconnu avoir vu « un jeune homme de son âge (20 ans)» alors qu’il habitait chez Claude Jutra, mais ne pas avoir saisi l’ampleur de ce qui se passait.
Mais c’est lorsque l’auteur de la biographie sur Claude Jutra, livre qui a tout déclenché le processus dans l’affaire Jutra, s’est retrouvé sur la sellette comme à son propre procès que les spectateurs ont semblé éprouver unanimement le plus grand malaise de la soirée. Twitter s’est notamment rapidement enflammé contre les attaques dirigées vers Yves Lever.
Encore une fois, de manière consciente ou non, le plateau de Tout le monde en parle aura dévié du sujet principal, un peu comme Louis Morissette précédemment concernant le blackface.
Guy A. Lepage aura au moins redressé brièvement la barque en lisant une lettre de « Jean », la première présumée victime ayant livré son témoignage et confirmé les penchants pédophiles de Claude Jutra à La Presse, un moment touchant… et dans le bon sujet.
Car, le sujet demeure celui des horreurs vécues par les victimes et de la manière dont nous pourrions collectivement éviter le pire ou protéger les victimes de pédophilie à l’avenir.
On semble pourtant marcher sur des oeufs dans la colonie artistique montréalaise, et on semble préférer rappeler l’importance du cinéaste et de son oeuvre plutôt que les gestes infâmes qui lui sont reprochés.