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J’étais une maman parfaite avant de te rencontrer

Avant d’accoucher, j’étais une maman parfaite. Je m’étais fait bien des idées, je m’étais dit je ne ferais pas d’erreur, cela faisait 4 ans que je t’attendais j’ai eu le temps de me préparer.

J’allais t’accueillir en toute sérénité, j’allais faire mon peau à peau pour ensuite laisser les docteurs te regarder, j’allais te donner ton premier bain, j’allais changer ta couche en toute confiance, j’allais te faire dormir dans ta petite bassinette près de moi, j’allais t’allaiter.

Au retour à la maison, j’allais te faire dormir dans le moïse, j’allais te sortir pour que tu vois le monde, j’allais faire des promenades en carrosse, je n’allais pas mettre de télévision avant 2 ans, j’allais te bercer et te raconter des histoires tous les soirs.

J’allais t’apprendre en vieillissant à être respectueuse, à écouter lorsque je disais non, à dormir dans ta chambre, je ne te laisserais pas gagner avec une crise, et j’en passe beaucoup.

Mais, je t’ai eue.

Je t’ai accueillie avec une ventouse en criant du plus profond de mon être, je te tenais tellement fort en larmoyant et je ne voulais pas te laisser aux docteurs. J’étais déjà mal partie. La première nuit, tu as uniquement dormi sur moi, car de tout mon coeur, je n’étais pas capable de te poser, toi si belle et si parfaite. Mon coeur se remplissait d’amour à une vitesse incroyable.

Puis, est arrivé le moment de changer ta couche, ce que j’ai fait de façon maladroite. Ton premier bain a été donné par l’infirmière, car je n’avais aucune idée comment j’allais te forcer à te mouiller. J’ai tellement essayé de t’allaiter, mais je n’ai pas réussi et je me suis torturée pendant des semaines à pleurer à chaque biberon.

De retour à la maison, je ne t’ai pas fait dormir dans le moïse, car tu pleurais et n’étais pas bien. Loin de moi la capacité de laisser mon petit être parfait inconfortable, donc tu as dormi sur moi et je n’ai pas dormi. Tu as pleuré des heures et des heures sans que rien ne puisse te calmer. Soudainement, j’avais peur de toutes les bibittes et les virus imaginables et je ne voulais plus te sortir. Lorsque j’ai décidé d’essayer une marche à la poussette, tu as hurlé.

Comment allais-je faire?

Puis, j’ai appris à être marginale. J’ai appris qu’il avait toute une autre vision du monde de la parentalité. J’ai appris que c’était correct de ne pas laisser pleurer ton bébé seul, mais que c’était correct aussi d’accompagner les pleurs avec de l’empathie et de la patience, que le cododo était une source de réconfort mutuel, que le portage pouvait remplacer la poussette et calmer ton anxiété, etc. J’ai appris qu’il y avait plein de livres d’auteurs et de docteurs sur le parentage proximal et bienveillant. J’ai appris à choisir mes batailles et à être ouverte d’esprit. J’ai arrêté les jugements et j’ai commencé à faire ce que mon instinct me poussait à faire.

Je n’étais pas une maman parfaite, je ne suivais pas les normes occidentales, je récoltais des jugements pour mes choix plus marginaux. Mais, j’ai aussi rencontré plein de mamans qui, comme moi, ont décidé de suivre une voie de parentage différent de celles qu’on observe majoritairement dans notre société, dans notre génération.

Grâce à toi, je suis devenue TA maman. Je t’accepte comme tu es. J’ai décidé de t’accompagner et de t’aimer au lieu de te faire obéir aux normes sociales qui ne te convenaient pas et qui t’empêchaient d’être bien.

Je t’aime Alexe.

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Mon fragile équilibre de maman

C’était au début du mois d’août, plus précisément une semaine après le retour au travail de mon amoureux, suite à un magnifique mois de vacances en famille. Ça m’a pris quelques jours pour mettre le doigt sur ce qui clochait. Quelques jours à pleurer parce que je suis vidée d’être constamment avec mon bébé, à pleurer parce que je me sens coupable d’avoir besoin d’espace et de devoir/vouloir prioriser certains de mes besoins. Culpabiliser parce que je sais que mon bébé a simplement besoin d’être avec sa maman et d’être rassuré. Ça m’est rentré dedans comme on dit. Ce moment où j’ai réalisé que ma vie n’était pas bien équilibrée et que j’avais besoin d’un peu de temps pour moi. Pourtant mon amoureux est présent et impliqué, j’ai de l’aide autour de moi (merci à grand-mammouth ainsi qu’à mamie et grand-pops d’être aussi disponibles). La réalité est que mon équilibre dépend beaucoup du sport et de l’activité physique, et c’est exactement ça qui manquait à ma routine.

J’ai pourtant essayé de trouver une façon de bouger régulièrement depuis la naissance de Minilove. J’ai essayé une application de yoga, mais je ne trouvais pas le moment approprié dans ma journée pour être constante et, clairement, ça ne m’apportait pas autant de bien-être que la pratique en salle. J’ai recommencé la course avec bébé dans la poussette, mais je n’y trouvais pas le plaisir d’autrefois. Le yoga maman-bébé dans le parc était amusant, mais je passais plus de temps à empêcher mon coco de manger du gazon qu’à pratiquer le yoga.

Minilove a 9 mois, il est souriant, allumé, il bouge partout et touche à tout. Il grimpe les escaliers et rampe dans tous les coins. Il dort peu, il se réveille facilement et on fait du cododo la nuit. Il est en plein dans sa période d’anxiété de séparation et il a besoin de se faire rassurer souvent. Le voir grandir et évoluer me remplit de fierté. Tout ça n’enlève rien au fait que je ne peux pas être 100% présente pour lui si mon équilibre est trop précaire.

S’il n’y avait pas eu la pandémie, j’aurais possiblement eu moins de difficulté à maintenir la fréquence de mes activités : j’aurais continué le cardio-poussette, mon entraînement en salle, mes cours de yoga seule et ceux maman-bébé. Toutefois, la situation actuelle a déséquilibré pas mal de choses (pas seulement mon équilibre personnel, j’en suis consciente).

J’en ai discuté avec mon amoureux. On a voulu trouver une façon s’assurer que, tous les deux, on puisse bouger dans notre journée. Dans les prochaines semaines, on veut bouger en famille la fin de semaine. Je vais essayer une nouvelle façon de m’entraîner avec une plateforme en ligne. Ensemble, on s’engage à s’assurer que si j’en ai envie/besoin, je puisse prendre un moment pour bouger avant la fin de chaque journée.

Le sport m’aide à gérer mon stress, à mieux dormir, à être de bonne humeur, il m’aide aussi à me dépasser. Ma santé mentale en dépend, tout comme mon équilibre de maman.

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Potins

Evelyne Brochu n’attend pas un, mais deux enfants!

Alors qu’on a appris il y a à peine quelques jours que la comédienne et chanteuse Evelyne Brochu est enceinte pour la deuxième fois, on a découvert mardi soir qu’elle attend en fait des jumeaux!

La belle n’attendrait donc pas un, mais deux enfants! C’est lors de son passage à l’émission de fin de soirée Bonsoir Bonsoir qu’Evelyne Brochu a annoncé la grande nouvelle. L’animateur de l’émission, Jean-Philippe Wautier, n’a pas tardé à rentrer dans le vif du sujet lors de son entrevue avec la jeune femme. Dès les premières minutes, on apprend la grande nouvelle qui ne manque pas de faire réagir l’entourage d’Evelyne Brochu.

De fait, elle a expliqué avec humour les deux types de réactions qu’elle a reçues : « Ceux qui ont déjà des enfants font : « Oh là là! » Ceux qui n’en ont pas font : « Ooonh, quel miracle! » ». Il est certain que de passer d’un enfant à trois peut être un choc, ce qui semble toutefois la ravir : « On part d’une petite cellule familiale à une grosse tribu. Mais la soeur de mon chum a eu des jumeaux et elle m’a dit un super beau mot – elle est anglophone. Elle m’a dit : « Ça va être wild. » » Comme quoi, un défi n’attend pas l’autre pour la jeune femme, qui est déjà l’heureuse maman d’un petit garçon prénommé Laurier qu’elle a aussi eu avec son mari, le médecin Nicolas Schirmer.

On souhaite beaucoup de bonheur à la petite famille et on a déjà bien hâte de découvrir le joli minois des poupons!

Pour voir ou revoir l’entrevue, c’est par ici.

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À mon amie qui sera bientôt maman

Ma belle et douce amie,

J’espère que tu profites bien de ces derniers moments de ta grossesse. Bientôt, une (nouvelle) vague de doutes et d’incertitudes va déferler avec la naissance de ton petit bonheur. Les inquiétudes font partie de l’aventure parentale parce qu’on veut évidemment ce qu’il y a de mieux pour notre trésor. Parmi toutes ces remises en question, essaye de te rappeler que personne ne va connaître ton bébé mieux que toi. Tu vas analyser chaque son, chaque pleur, chaque sourire et chaque grimace des dizaines de fois et douter encore plus.

Souvent, tu auras raison, parfois non. Si tu suis ton instinct et ton coeur, je t’assure que les journées vont passer avec plus de douceur. Soit bienveillante avec toi. Tu vas faire un extraordinaire travail de maman. Tu as en toi une force naturelle qui va te guider. Rappelle-toi toujours que tout finit par passer (le facile comme le moins facile), une journée, une heure à la fois. Je te souhaite une maternité pleine de défis et de joies. Cette folle aventure qui va débuter sous peu te laissera souvent sans mots, mais surtout émerveillée à chaque petit instant. Tu vivras les plus grandes et merveilleuses montagnes russes d’émotion et de la fierté comme tu ne peux même pas l’imaginer. Fierté pour toi, pour ton bébé, ton amoureux, ton couple et surtout ta famille.

Petit mot pour ton amoureux,

C’est le début d’une folle épopée pour toi aussi. Ton rôle sera évidemment un peu différent, mais je te confirme que c’est un rôle central, surtout pour l’amour à donner à bébé et à maman et aussi comme support. Prépare-toi, des larmes, tu en verras beaucoup dans les prochains mois : celles de bébé, mais aussi celles de ta douce. Heureusement, aucune larme ne peut résister aux bras magiques et réconfortants d’un parent ou d’un amoureux. S’il te plaît, serre tes amours dans tes bras le plus que tu peux. Il n’y aura jamais trop de câlins. Rassure-les et rappelle-leur que tout va bien aller et qu’ils font un travail extraordinaire. Parce que oui, tout finit par passer et c’est heureusement les sourires et les rires dont on se souvient le plus à la fin.

À vous deux,

Je vous souhaite un superbe plongeon dans la parentalité. Profitez de chaque instant, de chaque sourire. Vous allez être fantastiques.

P.S. Je suis disponible n’importe quand si vous avez besoin.

P.S. #2 Il n’y a pas de questions niaiseuses.

P.S. #3 Oui, je vous promets qu’on s’en sort vivants!

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La très grande maison de grand-maman

J’ai longtemps hésité à publier ces lignes, croyant que ma situation m’était tellement propre que personne n’allait pouvoir s’y reconnaître. À l’évidence, elle l’est sur plusieurs points, mais je suis certaine que son artère principale est reliée à plusieurs autres histoires similaires à la mienne. Le quotidien d’un proche aidant est malheureusement marqué par l’isolement. Mais en reliant nos solitudes, la charge devient un peu moins lourde.

Ma maman partage son corps avec un monstre. Une bête féroce qui gruge toute sa tête sans même laisser quelques lambeaux en chemin. Son cruel colocataire déracine chaque fragment de sa vie pour les détruire un à un?; de comment conduire sa voiture jusqu’à faire sa toilette. Du prénom de ses amis de secondaire en passant par le visage de ses enfants.

Quand le diagnostic est tombé, nos réactions étaient aux antipodes. Pour nous, ç’a été brutal. La démence cohabitait avec elle depuis quelque temps, car certains signaux distinctifs ainsi que des antécédents familiaux laissaient déjà présager le pire. Mais l’officialiser la rendait réelle, tangible, terrifiante. Son comportement et ses agissements des dernières années s’expliquaient, mais notre futur avec elle s’écroulait simultanément. On tentait de se faire une tête afin de se préparer à ce qui s’en venait. On s’est bombardé de statistiques, de mises en garde tout en envisageant tous les scénarios possibles. Le mode survie s’est activé.

Mais pour elle, c’était un virus passager dont elle ne ressentait pas les symptômes. Un comprimé ou deux et ça serait du passé. Top shape! En bref, la démence engendre des troubles de mémoire, d’orientation, de jugement, ainsi qu’une modification de la personnalité. À travers ce type de maladie, la personne atteinte n’en souffre pas, mais les proches en subissent les coups. On parle aussi du deuil blanc, qui consiste à vivre la perte d’un proche toujours vivant. Et bien, c’est exactement ça.

On nous répétait de savourer chaque moment que la vie nous donnait avec elle. Sur papier, c’est l’idéal, j’en conviens. Mais dans les faits, il fallait veiller à sa propre sécurité et celle des autres de façon omniprésente. Pour mieux vous situer, dû à son état, c’était comme prendre soin en permanence d’un bambin turbulent et téméraire vivant dans le corps et la tête d’une femme de 50 ans, têtue comme une mule et forte comme dix hommes. 

Les années passent et ce qu’on redoutait le plus finit par arriver?; son médecin nous avise qu’un placement en centre d’hébergement serait à envisager pour le bien de tous. Car malgré tous les kilomètres parcourus en la portant à bout de bras et d’amour, le plus difficile restait quand même à venir. C’est le début de la fin d’une pente abrupte. 

Pour nous, ça signifiait la fin du premier sprint, on devait maintenant passer le relais. Pour être totalement honnête, à ce moment précis, derrière la peine, la colère et un immense sentiment de culpabilité, tout au fond, se cachait la pointe d’un soupir de soulagement.

Archive personnelle

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J’ai mis fin à mon allaitement en tandem

Je crois que j’ai toujours su que je voulais allaiter. J’avais espoir de pouvoir le faire longtemps et de vivre de merveilleux moments avec ma première fille. J’ai accouché et la réalité m’a rattrapée. Ma fille ne prenait pas bien le sein, j’avais des douleurs et je manquais de connaissances et d’expérience pour gérer cette situation. J’ai persévéré pendant 3 mois pour finalement me tourner vers la préparation, mais j’aurais voulu vivre un sevrage naturel.

Puis, il y a eu ma troisième. Malgré une naissance chaotique et intense, elle prend le sein comme une championne. Le temps file et je l’allaite depuis plus d’un an. Papa et moi, on parle de bébé #4, mais il n’est pas question d’arrêter l’allaitement : je souhaite un sevrage naturel. Donc, on laisse la vie faire son chemin et quelques mois plus tard, bébé #4 est dans mon ventre. Rapidement, je n’ai plus de lait. Cependant, le réconfort qu’apporte le « lolo » est bien trop important pour que ma troisième cesse de téter. De mon côté, j’ai énormément de chance, je ne ressens pas trop de douleur ni d’aversion. L’allaitement se prolonge jusqu’à la naissance de bébé #4.

Crédits : Sarah R

C’est à ce moment que le vrai défi commence pour nous trois. Je suis très terre à terre dans la vie. Je m’attendais à ce que bébé #3 manifeste de la jalousie envers sa petite soeur. Je savais qu’allaiter en tandem, donc deux enfants, serait exigeant physiquement ET mentalement. Par contre, je n’étais pas préparée à ce qu’elle demande le sein aussi souvent. J’ai naïvement cru qu’elle garderait une fréquence de 1-2 tétées par jour. Ce ne fut pas le cas.

Quand ma montée laiteuse est arrivée, c’était la folie. Enfin, le bon « lolo » était revenu. C’est donc dire qu’un refus était inacceptable pour fillette. Si j’avais le malheur de dire « non » ou « pas tout de suite » c’était la crise. Le défi, c’est qu’avec 4 enfants à la maison, j’ai pas mal de trucs à faire. J’ai tenté plusieurs trucs afin de limiter le temps des tétées ou de l’aider à patienter, sans grand succès. Malgré tout, on continue.

Crédits : willsantt/Pexels

Finalement, arrive mars 2020, la pandémie et le confinement. On ne sort plus, je dois faire l’école à la maison et animer 4 enfants qui sont 24h/24h ensemble. Les crises pour le « lolo » ça devient trop à gérer. C’est à ce moment que j’ai pris la décision d’arrêter le tandem.

Je voulais que ce soit très graduel. Je nous ai donné comme objectif flexible la fin avril, juste après ses 3 ans. Je l’ai préparée pendant plusieurs semaines en lui expliquant à chaque tétée qu’elle devenait une grande fille, qu’elle aurait bientôt 3 ans et qu’elle devrait arrêter le « lolo » bientôt. On a diminué et raccourci les tétées graduellement, ce qui a été très difficile.

Vers la fin avril, nous allions souvent dehors. Elle n’a pas demandé pendant quelques jours. Alors, ce fut la fin, tout en douceur. Bien sûr, il lui est arrivé de redemander à téter. J’ai re-expliqué patiemment chaque fois et proposé un petit moment collé. Les crises quotidiennes ont cessé, le calme est revenu et je ne regrette pas ma décision. Je voulais attendre son sevrage naturel, mais je suis sereine avec notre parcours d’allaitement qui aura duré 3 ans, dont une année en tandem.

Avez-vous dû adapter votre allaitement à des circonstances hors de votre contrôle?

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Maman est hypersensible

Une tornade d’émotions, voilà ce que je suis. Une tornade qui engloutit toutes les émotions qui se trouvent sur son passage. Les miennes, les leurs, les vôtres, toutes. À l’intérieur de moi, tout tourbillonne sans cesse. J’ai l’impression d’être toujours au bord de la catastrophe tellement mes émotions sont intenses.

À l’extérieur, j’ai l’air en contrôle. Je veux que mes enfants aient le sentiment que je suis fiable, forte et stable. Je veux être le phare et non la tempête. Le contrôle représente un gros défi pour moi, d’autant plus que le terme hypersensibilité rime habituellement avec anxiété et/ou stress et/ou culpabilité. Ce qui complique beaucoup les choses.

Autre chose qui me complique la vie; mes montagnes russes émotives. Un rien peut faire naître en moi une émotion assez forte pour que je fasse un virage à 90 degrés dans mon attitude. Je peux passer d’une femme sereine et en confiance à une femme vulnérable et démolie en une fraction de seconde.

Tengyart / Unsplash

Je suis facilement agacée aussi. Les sons forts, entre autres. Je sursaute aux moindres cris alors ma patience s’envole rapidement. Je suis fragile au toucher. Tous ceux qui me touchent me font mal, y compris mes enfants, évidemment.

Rassurez-vous, il n’y a pas que des mauvais côtés à être une maman hypersensible. J’ai énormément de plaisir avec mes enfants, je profite de chaque instant. Je suis si facilement émerveillée. Les concombres du jardin qui poussent, les rosiers en fleurs, les bébés oisillons dans leur nid. Tout est magnifique. Mon hypersensibilité nourrit mon coeur d’enfant et mes filles voient les mêmes couleurs vibrantes que moi.

Je commence tout juste à accepter l’intensité de mes émotions. Certaines blessures refont toujours surface, on m’a dit que j’étais rancunière, mais non. J’ai des hauts très hauts, des bas très bas, on m’a collé une maladie mentale, mais non. Mes réactions intenses face à certaines situations de crises ont été excessives, on m’a jugée comme étant jalouse, mais non. Je me suis si souvent sentie incomprise. « Tu t’en fais trop pour rien » qu’on me disait, alors que pour moi, c’était d’une intensité foudroyante. 

J’aurais aimé qu’on m’explique concrètement ce qu’est l’hypersensibilité. Qu’on me conseille de vivre mes émotions et non de les taire. J’ai appris à transposer les miennes dans l’art ou l’écriture. Je vous avouerai que j’ai souvent l’impression que de vous écrire m’a sauvé la vie. Quand mes filles seront grandes, j’aimerais qu’elles trouvent leur moyen bien à elles d’exprimer leur trop-plein d’émotions.

Je suis persuadée que d’être hypersensible me permettra d’être une meilleure maman, comme ma mère l’est pour moi. Une femme disponible, à l’écoute, empathique. La meilleure oreille qui soit. Une femme vraie, consciente de sa vulnérabilité et fière de ses forces. Même si la vie pour les personnes hypersensibles peut ressembler à une infinie tourmente, elle est tout de même splendide.

Trop sensible pour être heureux? Je ne crois pas.

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À l’infirmière qui m’a accompagnée lors de mon accouchement difficile

À toi, magnifique infirmière du CHUM qui a croisé mon chemin en ce samedi matin du 29 juin 2019. Je te rends hommage, car chaque femme qui accouche mérite d’avoir une infirmière comme toi à ses côtés. Je te rends hommage, car tu es arrivée en ce dernier samedi matin de juin un peu trop heureuse et souriante pour que tu sois affectée à une fille qui avait des contractions aux cinq minutes et qui avait envie de sauter dans le toupet de tes consoeurs qui finissaient leur quart. Qui a envie d’être au travail un samedi matin? Toi, tu es arrivée comme si tu n’avais pas envie d’être ailleurs qu’ici, pourtant il devait faire beau en ce samedi matin. Moi, je n’en sais rien de la température de cette journée, car je suis arrivée à l’hôpital vers 5h am.

Tu as fait les présentations formelles, ce qu’on vous apprend à l’école, et je savais que tu étais LA personne qui me fallait. Tu as lu mon dossier et pour être rassurante, j’imagine, tu m’as confié que tu étais maman de grands jumeaux. Je dis grands, car ce sont des adultes. Tu étais ma personne de confiance puisque tu savais tout ce qui m’attendait ou presque alors que moi, je n’en avais aucune idée. Tu étais d’un calme olympien, comme si tu avais fait ça toute ta vie; clairement, tu en avais vu d’autres avant moi! Je sentais que le lien de confiance était de plus en plus fort entre nous. 

Tu étais avec moi lorsque j’ai mis mes deux parfaits au monde. Tu es restée avec moi même quand ç’a commencé à se compliquer. Tu as massé, massé et encore massé et tu as travaillé main dans la main avec la docteure pour arrêter l’hémorragie et sauver mon utérus. Tu étais encore là quand je suis revenue à moi après ma visite non planifiée au pays des rêves. Tu m’as accompagnée au bloc alors que ton quart de travail était sur le point de se terminer et que tu avais une tonne de paperasse à remplir. 

Alors que je n’étais plus ta patiente et que tu étais sur un temps supplémentaire de soir, tu es montée me voir aux soins intensifs. La mauvaise nouvelle s’était rendue jusqu’à toi! Elles n’avaient rien pu faire pour sauver mon utérus!  Il avait été déchiré quand elles ont dû décoller mon placenta. Tu es venue prendre de mes nouvelles, me raconter une parcelle de ta vie en tant que maman de jumeaux et infirmière. Tu as versé des larmes avec moi. Tu m’as parlé d’eux, tu m’as dit que tu avais été les voir en néonat. Mes parfaits que je n’avais pas encore eu le temps de prendre et de voir plus de 5 minutes, le temps du peau à peau. Tout ce que j’ai pu voir d’eux, c’est qu’ils étaient magnifiques et parfaits. Tu m’as rassurée, m’as dit qu’ils allaient bien, qu’ils étaient aussi forts que leur maman, que je n’avais pas à m’inquiéter.

Tu as fait tout ça alors que rien ne t’y obligeait, je n’étais même plus sur l’étage d’obstétrique. Tu as fait ça avec ton coeur, tu as posé ces gestes avec toute la sincérité du monde. Tu m’as fait comprendre que pour toi ce n’était pas un travail, mais une vocation. Tu as, cette soirée-là, dépassé de ton cadre professionnel. Tu n’étais plus une infirmière en salle d’accouchement, tu étais une femme qui sympathisait avec une autre femme qui venait de perdre un morceau d’elle. Tu étais humaine, maman et infirmière à la fois. Tu as fait ce que beaucoup d’autres n’auraient probablement pas fait.

Chère infirmière qui travaillait en ce samedi matin de juin, j’espère que tu vas te reconnaître et que tu ne m’en voudras pas d’avoir oublié ton nom. Je veux que tu saches que toutes les mamans méritent une infirmière au grand coeur comme toi à leurs côtés. Tu es un pilier qui garde son calme même dans les situations les plus difficiles. On doit te l’avoir dit à plusieurs reprises, mais tu es réellement à ta place dans ton métier. Mille mercis! 

– Lisa

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La maternité et toutes ses contradictions

Aussi merveilleuse et gratifiante soit elle, la maternité comporte aussi son lot de dualités. C’est comme s’il n’y a jamais d’endroit qui soit vraiment confortable ou idéal. Toujours dans le passé ou à appréhender le futur. Jamais trop trop ici entre mes quatre murs à profiter de ces instants (un jour regrettés). Toujours en train de valser entre l’intense besoin que mon enfant s’endorme pour me retrouver et la culpabilité d’avoir voulu trop vite le déposer et de maintenant m’ennuyer.

Être heureuse qu’il dorme enfin, mais sortir mon iPhone pour regarder des photos de lui. De toujours osciller entre avoir confiance en mon instinct de maman et soudainement douter de chacune des fois où je lève un doigt. Vouloir arrêter le temps parce que ça défile trop vite et, à d’autres moments, souhaiter que mon bébé ait atteint ses 25 ans pour me retrouver avec moi-même. Parfois regretter ma vie d’avant et la seconde suivante (l’âme remplie de culpabilité), me rappeler à quel point je suis choyée que mon enfant soit né et en pleine santé. C’est vouloir se coucher tard pour en profiter avec papa ou les amis, mais s’en vouloir le lendemain pour ce dernier martini.

La maternité, pour moi, c’est aussi avoir peur d’être jugée, mais ne pas pouvoir m’empêcher de parfois juger quand même. C’est vouloir être parfaite alors qu’aspirer à un tel objectif, c’est filer tout droit vers la dépression, la détresse. C’est d’être forte dans mes faiblesses, patiente dans mon irritabilité, solide dans ma fragilité, avoir l’air cohérente quand je me sens désorganisée, bienveillante envers mes trop grandes attentes. C’est vouloir offrir à mon enfant un modèle de confiance en soi et de beauté positive, mais me trouver pas mal bof avec ce ventre mou et cette petite porte par laquelle ma fille est arrivée sous mon nombril.

C’est aspirer à être douce envers moi-même alors que d’un autre côté, ma tête me crie que je n’en fais pas assez. Vouloir une maison propre, mais à la première seconde de temps libre, m’échouer sur le divan telle une épave pour faire défiler les dernières actualités de mes réseaux sociaux. Écouter mon coeur et contredire ma raison ou vice-versa.

Une autre des dualités de la maternité, possiblement la plus difficile pour moi, c’est de rester une bonne amoureuse, désirée/désireuse, mais que finalement, quand vient 21h, tout se met en veilleuse. C’est vouloir exceller dans tout, tout le temps, mais avoir le sentiment d’échouer lamentablement.

La maternité, c’est probablement la plus belle chose que j’aurai vécue, mais assurément la plus difficile aussi. Probablement qu’une fois que j’aurai accepté toutes ces dualités, je pourrai mieux cheminer dans toutes les contradictions de ma parentalité.

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Vivre le deuil d’une fausse couche en pleine pandémie

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Plusieurs semaines ont passés déjà depuis lundi 2 mars 2020. C’était près de deux semaines avant le confinement. Confinement qui a duré près de 3 mois avant les premiers signes de déconfinement graduel. Trois mois où j’aurais eu besoin de ma famille, de mes amies, de sortir boire, d’aller au spa… Un moment où j’avais besoin de me sentir vivante. J’étais prise avec moi-même, la gestion du télétravail, un chum qui a un emploi dans un service essentiel et un bébé de 14-15-16 mois à la maison. J’imagine que le temps va effacer ces images, ces douleurs et ces souvenirs créés cette journée du 2 mars dernier. Alors, pendant que les souvenirs y sont toujours, je me suis dit que de prendre le temps de mettre les mots sur papier, ça aiderait sûrement à mettre un baume sur cette petite cicatrice.

Lundi matin, 2 mars. 6h30 am

Les doux sons des gazouillis/syllabes/mots qui ne sont pas des mots de mon petit de 14 mois nous réveillent. Mon chum va le voir. Je me réveille tranquillement et reste couchée dans notre petit cocon. J’ai mal au ventre. J’ai des petites crampes de « Ah, je vais être menstruée ». Comme si à mon agenda, c’était mon alarme qui m’annonçait l’événement « Tes menstruations vont commencer ». Mais à mon agenda, le seul événement qu’il y avait, c’était celui de mon échographie de 12 semaines et 5 jours, planifié pour le lendemain matin, mardi le 3 mars 2020 à 8h00. Alors, vous faites 1 + 1 j’imagine.

Je me lève et je vais à la salle de bain. Je saigne un peu, juste un tout petit peu. En fait, juste quand je m’essuie après avoir fait pipi. Donc, rien d’inquiétant. Puisque c’est ma deuxième grossesse, je connais les signes que je dois surveiller. Je ne remplis pas de serviette hygiénique en 1 heure. J’en parle avec mon chum, il s’inquiète un peu et me dit qu’on devrait laisser un message vocal à notre sage femme de suivi, juste pour être certain que tout est okay. Je ne considère pas que c’est une urgence. De petits maux de ventre et à peine de sang. Je laisse donc un message vocal. Je prends mes choses et quitte pour aller au travail.

Mon chum reste à la maison, avec bébé parce que bébé a une pneumonie et papa la grippe. La vraie. Testé positif à l’influenza. Arrivée au travail, il est 8h15. La sage femme me rappelle vers 9h00. Elle m’explique qu’elle préfère que j’aille à l’urgence voir un.e gynécologue puisque même si mon échographie est le lendemain matin, celle-ci sera faite par un.e technicien.ne. J’ai toujours des crampes qui ne passent pas, mais rien de plus. Je dis donc à ma sage femme que je compte aller à l’urgence vers l’heure du dîner.

9h45, je suis toujours au bureau et je sens que je dois aller aux toilettes, qu’il y a quelque chose qui descend. Je perds un caillot dans la toilette. C’est mon signal d’alarme. Je comprends que je suis certainement en train de faire une fausse couche, que je perds le bébé. J’essaye de rationaliser la situation en me disant que si je fais une fausse couche, il n’y a rien qu’ils.elles puissent faire à l’urgence pour malheureusement arrêter le travail. Sûrement un super mécanisme de défense, parce que si je tombais dans l’émotion à ce moment-là, je ne serais pas capable de me relever.

Je prends mon sac à dos et mon laptop, en me disant que j’allais pouvoir répondre à des courriels et faire des suivis dans la salle d’attente. J’ai trop souvent entendu des histoires d’horreur de fausses couches dans les toilettes de la salle d’attente des urgences. Alors, j’ai pensé que j’attendrais longtemps. Je conduis. Je suis seule. Une collègue m’a offert de m’accompagner. Je préférais être seule. Comme ça, si je n’arrivais pas à être forte, personne ne le verrait.

Alors, je conduis. Je suis seule. J’appelle une de mes soeurs pour qu’elle me rejoigne. Je décide d’aller à l’hôpital le plus près de ma maison, même si ce n’est pas le plus près de mon travail. Why? Je ne sais pas. Je décide d’aller à l’hôpital Sacré-Coeur.

Je roule sur le boulevard Gouin et les larmes coulent silencieusement sur mes joues. Je sens que je perds du sang, beaucoup, mais je n’ai aucune idée d’à quel point. Je pose ma main proche de mes jambes et j’ai du sang sur ma main. 10h15, j’arrive à l’urgence où il y a environ une vingtaine de places de stationnements. Une voiture devant moi entre et prend la dernière place. Je reste là. Je suis figée devant la barre blanche qui m’offrait un ticket de stationnement. L’homme qui a choisi la dernière place regarde son cellulaire.

Je le regarde. J’attends. Je me dis, peut-être me verra-t-il? Peut-être verra-t-il la détresse dans mes yeux. Il lève la tête dans ma direction. Il me regarde et fait signe de reculer, qu’il ne reste plus de place. Je pleure. Je me dis, je vais aller stationner dans une petite rue, malgré la complexité de trouver un stationnement à Montréal.

Je décide d’aller dans le stationnement central de l’hôpital. Je me dis qu’en arrivant par l’entrée principale, il y aura certainement des agents de sécurité et je pourrai demander de l’aide. Je ne trouve pas de place. Je tourne en rond. Je saigne. Je pleure. Je suis en train de perdre mon bébé. Ma soeur m’appelle. J’ai à peine le temps de lui dire de passer chez moi, que j’aurai besoin d’une serviette et des vêtements de rechange, que je trouve enfin une place pour ma voiture. Je sais que dès le moment où je me lèverai, je ne pourrai plus me rasseoir. Je prends une grande respiration.

J’ouvre la porte, je sors de la voiture. Je sens que tout coule et tombe dans mes pantalons. Il y a une flaque de sang à côté de la voiture et sur le banc. C’était une douche de sang. Je me demande si j’enlève mes pantalons dans le stationnement, drette là. Pour enlever tout ce que j’ai sur moi. Je pleure et je ne sais pas quoi faire. Il y a des gens qui passent. Mais c’est tellement une image forte, et il y a tellement de sang, que j’essaye de ne pas attirer l’attention.

Je prends sur moi, prends mon sac à dos et mon laptop (très important pour continuer à travailler) et je marche pour me diriger à l’urgence. Je marche en pingouin et je pleure. Pas en silence. Je pleure comme une petite gamine perdue. Il y a beaucoup de monde et aucun agent de sécurité à l’entrée. Personne ne me demande si je suis correcte. Après avoir longuement (dans ce contexte) marché pour trouver l’urgence, je vois des indications sur une porte. Je dois descendre un étage par les escaliers et continuer dans un long corridor et j’y serai.

Il y a beaucoup de gens dans la salle d’attente générale de l’urgence et environ 4 personnes sur les bancs rouges qui attendent pour le triage. Je vais à l’ordinateur prendre mon numéro, toujours en pleurant. Un homme vient me voir, réalise l’état dans lequel je suis et met fait entrer immédiatement dans une cabine de triage. J’ai eu le temps de dire « Je ne peux pas m’asseoir, je suis enceinte de 12 semaines et 4 jours et je fais une fausse couche. C’est dans mon pantalon » et l’infirmière a pris le téléphone, m’a amenée dans une salle d’examen et le médecin était déjà présent pour me prendre en charge. J’y ai perdu ma veste, mes pantalons, mes sous-vêtements et mes bottes. Tout était irrécupérable.

Voilà. On peut s’imaginer la suite. J’avais perdu le foetus, mon bébé. Il n’y avait plus rien dans mon ventre. « C’est la vie, ce sont des choses qui arrivent »; le genre de phrases que des gens nous disent pour nous consoler. Ehlala. Mes enfants n’auront jamais 20 mois de différence, comme on avait pensé…

Mais bon, je me réconforte quand je vois mon petit bonhomme, ce petit et si bel humain. Je ne suis pas seule. Mais dans un contexte de confinement, j’aurais eu besoin de sortir après avoir vécu ça. Plus que jamais. Je me serais « gelée » à voir du monde et en m’occupant. La réalité, c’est qu’au cours des derniers mois, je n’ai pour seuls amis que mon fils et mon chum et pour m’occuper, que ma famille, mon 35h de télétravail, une routine, 4 murs et beaucoup d’émotions sur les épaules.

À toutes ces femmes qui ont vécu une fausse couche, à 5 ou 16 semaines, je vous envoie tout mon amour.

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