(CHRONIQUE)
J’ai croisé l’enseignante de ma fille sur la rue dernièrement et on a marché un bloc ensemble.
« Je voulais vous dire à quel point je suis contente de l’avoir dans ma classe. Elle est tellement gentille, polie, généreuse, douce avec les autres. Elle prend certains enfants en difficulté sous son aile, elle organise leur pupitre et leur horaire… »
« Ah oui? Je veux dire… Ah oui! »
Je crois que j’ai eu l’air bête, ou mêlée dans ma ponctuation.
Ce n’est pas que je n’étais pas contente ou fière du commentaire, j’avais juste l’impression (encore une fois) qu’on me parlait d’une autre enfant que la jeune pré-ado qui vit sous mon toit. Un contraste à la Dr. Jekyll et Mr. Hyde.
Bon, je ne dis pas que ma fille est complètement à l’opposé de ces belles qualités. N’allez pas croire non plus que je ne la trouve pas fabuleuse, elle l’est. Toutefois, à la maison c’est un peu différent. La politesse est son défi pour lequel nous avons un calendrier à collants et le partage et les besoins de l’autre alimentent beaucoup les disputes. Et que dire de l’organisation? Ah! Seigneur! Ce n’est pas dans sa chambre qu’on la remarque (ou on ne la comprend peut-être pas). Notre quotidien est souvent pimenté de conversations (argumentations) qui finissent en « t’es plaaaaaaaaate », en réflexions, en excuses aux plus jeunes et j’en passe. Disons de façon bienveillante que ça semble moins naturel ici.
Mais bon, qu’est-ce que tout cela veut dire ? Je remarque également la même situation avec mes propres élèves lorsque je rencontre leurs parents, ça doit donc être relativement commun. Ça m’arrive régulièrement qu’un parent me mentionne: “Quand il n’écoute pas, on lui dit qu’on va te le dire.” C’est souvent mentionné à la blague, mais je comprends l’idée et ça me rappelle drôlement ma propre fille.
Pourquoi donc? Je m’amuse à croire que mon éducation de feu ainsi que les valeurs et attitudes positives que je travaille avec ma grande, et dont on discute jour après jour, portent finalement fruit (il faut bien s’encourager n’est-ce pas). J’imagine aussi que le milieu familial est un endroit qui lui permet de “ventiler”. Ça me fait drôlement penser aux fois où je suis impatiente à la maison, ça vous arrive ? Lorsqu’on tombe sur la tête de notre conjoint ou conjointe après une grosse journée. On ne se permettrait assurément pas ça au travail.
Cet événement n’était pas le premier et le running gag de la discordance entre l’école et la maison revient souvent ici. « Heille, on a encore encensé son attitude positive. » Je suis fière, je le crois, mais je ne peux pas m’empêcher de trouver ça drôle. J’aimerais pouvoir l’observer à l’école, voir comment elle évolue en société lorsque je ne suis pas là.
Et vous ? Est-ce que vos enfants semblent différents à l’école et la maison?