La Mostra de Venise, plus vieux festival de cinéma du monde, s’ouvre mercredi (28 août) avec une forte présence anglo-saxonne pour cette 70e édition qui s’annonce plutôt sombre en reflet des crises « économiques, sociales et familiales ».
Le festival démarrera cependant dans le glamour avec l’Américain George Clooney, habitué de Venise, et sa compatriote Sandra Bullock, héros de Gravity, thriller de science-fiction du réalisateur mexicain Alfonso Cuaron.
Présenté hors compétition dans sa version 3D, Gravity met en scène un astronaute chevronné et une experte en ingénierie médicale, livrés à eux-mêmes dans l’univers après l’explosion de leur navette spatiale.
Au total, 53 films défileront en dix jours au Lido, dont 20 en compétition pour le Lion d’or, décerné le 7 septembre.
« Abus sexuels, violences sur les femmes, dissolution des liens familiaux, crise des valeurs… Les cinéastes ne donnent pas de signal d’optimisme », a déclaré le directeur du festival, Alberto Barbera, en révélant la programmation fin juillet à Rome.
Parmi les compétiteurs, des « routards » du cinéma comme les réalisateurs britanniques Stephen Frears (Philomena) et Terry Gilliam (The Zero Theorem), l’Israélien Amos Gitaï (Ana Arabia) ou le Japonais Hayao Miyazaki (Kaze Tachinu), seul asiatique en compétition avec le cinéaste de Taipei Tsai Ming-Liang (Jiaoyou).
Le réalisateur Philippe Garrel représentera la France en compétition avec La jalousie, une histoire d’amour et de couple, avec deux de ses enfants, Louis et Esther Garrel, et l’actrice Anna Mouglalis.
Patrice Leconte présentera, hors compétition, Une promesse, adapté du roman Voyage dans le passé de Stefan Zweig. Thierry Ragobert, ancien collaborateur du commandant Cousteau, aura l’honneur de clore le festival, hors-compétition aussi, avec Amazonia, une fiction animalière en 3D.
Côté francophone, le réalisateur franco-algérien Merzak Allouache sera en lice avec Les terrasses, et le Canadien Xavier Dolan avec Tom à la ferme.
Parmi les cinéastes attendus, le scénariste américain Peter Landesman, qui fait ses débuts derrière la caméra, présentera Parkland, un opus sur l’assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy, dont la sortie en salles est prévue autour du 50e anniversaire de la mort de JFK le 22 novembre.
Son compatriote David Gordon Green sera en compétition avec Joe, l’histoire d’un ancien taulard (Nicolas Cage) qui tente de se racheter. La cinéaste Kelly Reichardt présentera Night Moves sur un groupe d’écoterroristes.
Toujours du côté américain, les fans de James Franco seront ravis de le voir concourir avec Child of God, l’adaptation d’une nouvelle de Cormac McCarthy.
Tandis que Paul Schrader fera son grand retour (hors compétition) avec The Canyons, qui met en scène la sulfureuse Lindsay Lohan et est écrit par l’auteur d’American Psycho, Bret Easton Ellis.
Outre Stephen Frears avec Philomena, l’histoire d’une Irlandaise à la recherche de l’enfant qui lui a été arraché adolescente, le cinéma britannique sera à l’honneur avec l’ex-Monty Python Terry Gilliam, dont le film est annoncé comme un Brazil contemporain, avec Christoph Waltz, Tilda Swinton, Matt Damon et la Française Mélanie Thierry.
Le Royaume-Uni est également représenté par John Curran avec Tracks et Under the Skin de Jonathan Glazer, dans lequel Scarlett Johansson campe une extra-terrestre ultra sexy.
Côté italien, Emma Dante présentera son premier film, Via Castellana Bandiera, et Gianni Amelio (Lion d’or en 1998 pour Così ridevano) L’intrépide.
Pour la première fois, deux documentaires seront en compétition : The Unknown Known de l’Américain Errol Morris, longue entrevue de l’ex-ministre américain de la Défense Donald Rumsfeld, et Sacro GRA de l’Italien Gianfranco Rosi, tourné sur le boulevard périphérique romain.
Le jury sera présidé par le réalisateur italien Bernardo Bertolucci, 73 ans, entouré notamment de la réalisatrice et écrivaine britannique Andrea Arnold, de l’actrice française Virginie Ledoyen, du directeur de la photographie franco-suisse Renato Berta et de l’actrice allemande Martina Gedeck.
Pour cette 70e édition, 70 cinéastes du monde entier ont été invités à tourner un court-métrage illustrant « leur idée de faire du cinéma ».
Des grands seront « présents » en marge de la compétition : le Polonais Andrzej Wajda, avec un film tourné pour les 30 ans de Solidarnosc, le Coréen Kim Ki-duk avec Moebius et l’Italien Ettore Scola, qui « raconte » Federico Fellini dans un film intitulé Che strano chiamarsi Federico (Comme c’est bizarre de s’appeler Federico).
Autre vétéran, le réalisateur de The Exorcist, William Friedkin, recevra un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière.