C’est à compter d’aujourd’hui qu’Escouade 99 est disponible sur le Club illico. L’adaptation québécoise de la série Brooklyn Nine-Nine est aussi attendue que critiquée, puisque deux personnages interprétés dans la version originale par des actrices latinas, Melissa Fumero et Stephanie Beatriz, sont ici joués par Mylène Mackay et Bianca Gervais.
On doit donc dire qu’on a commencé notre écoute de la nouveauté avec une certaine appréhension, ce whitewashing évident étant dur à avaler, surtout quand on pense à combien le problème de représentativité persiste dans la télévision québécoise. Mais il faut avouer que Mickaël Gouin incarne à merveille Max Lemieux, le Jake Peralta (Andy Samberg) de Limoulou. Widemir Normil fait quant à lui un incroyable commandant Raymond Célestin, alias Raymond Holt (Andre Braugher). Et que dire de Louis Champagne en Goudreault, le Scully (Joel McKinnon Miller) québécois!
Tout de même, d’autres personnages souffrent de la comparaison avec les originaux. Guy Jodoin, un acteur comique qu’on adore, incarne un Charles Lépine (Charles Boyle, joué par Joe Lo Truglio aux États-Unis) trop vaudeville à notre goût, tandis que Léane Labrèche-Dor, qui campe une Gina Linetti (Chelsea Peretti) qui n’a plus rien d’italien et qui est rebaptisée Valérie Ruel, ne donne pas à son personnage la même étincelle à la fois merveilleuse et machiavélique.
Des détails, certes, mais des détails que les fans de Brooklyn Nine-Nine ne manqueront pas de remarquer. Et ce n’est d’ailleurs clairement pas à eux qu’est destinée d’abord et avant tout Escouade 99, qui reprend scène par scène la version originale à quelques petits éléments près. En même temps, c’est justement parce que l’adaptation reste très fidèle à la série initiale qu’elle a eu le feu vert pour être produite. La marge de manoeuvre était donc mince.
Évidemment, les adeptes de la série créée par Dan Goor et Michael Schur peuvent toujours trouver leur compte avec l’adaptation québécoise en prenant plaisir à soulever les petites différences ici et là, notamment les changements de références. Par exemple, si Jake Peralta ouvre la première saison en citant Donnie Brasco, Max Lemieux choisi plutôt de reprendre un monologue de De père en flic.
Concernant le whitewashing, outre le fait que la production ait loupé toute une occasion de mettre en valeur des actrices racisées, c’est au fil des épisodes (et des saisons, s’il y a lieu) qu’on pourra constater les impacts sur le scénario. On peut penser entre autres à la relation amoureuse interraciale entre deux personnages et à la confrontation de leurs parents. Certainement, le rendu ne sera pas le même dans Escouade 99, et on ne peut que trouver dommage, voire frustrant, que certaines thématiques chères à la version originale soient ici complètement effacées.
Peut-être aurait-il été judicieux de situer l’action dans un quartier multiculturel de Montréal plutôt qu’à Québec, où le service de police affiche encore moins de diversité que la fiction avec son grand total de zéro policier noir dans ses rangs…