C’est avec une immense tristesse que nous avons appris, par communiqué de presse, la perte du grand producteur Jean-Claude Lespérance.
Son décès est survenu après avoir demandé l’aide médicale à mourir.
Un homme qui a profondément marqué le milieu artistique, en produisant de nombreux spectacles de renoms et d’importantes figures de l’industrie, comme Céline Dion, Roch Voisine, la légendaire pièce Broue et Starmania. Il a également été derrière des projets télévisuels emblématiques tels que La petite vie et Un gars, une fille.
«Pionnier et figure marquante de l’industrie du spectacle, de l’humour et de la télévision au Québec, Jean-Claude était un homme discret et indépendant, reconnu pour son intégrité. Il savait s’entourer de collaborateurs talentueux, complices et fidèles. Il explorait, prenait des risques et investissait, donnant tout son sens au métier de producteur. Grand visionnaire, il fait partie de ceux et celles qui ont créé le showbiz québécois», peut-on lire dans le communiqué.
Il s’agit également du père de Guillaume Lespérance, producteur de cinéma et de télévision, qui suit brillamment les traces de son père.
Celui-ci lui a d’ailleurs rendu un vibrant hommage sur Facebook.
«Mon père a reçu l’aide médicale à mourir mardi dernier. C’était un homme hors norme avec qui j’ai eu une enfance extraordinaire. Enfant, j’ai passé des centaines de soirées d’été à regarder les spectacles qu’il produisait dans les coulisses du Théâtre St-Denis, du Vieux Clocher de Magog et de la salle Maurice O’Bready. Il m’emmenait à New York dans les années 1980, à une époque où peu de gens y allaient, et encore moins avec leurs enfants. J’ai grandi dans les théâtres, les studios d’enregistrement et les salles de répétition. Il m’a appris l’importance d’une réputation irréprochable et de toujours tenir parole. Il a aidé des dizaines d’amis et d’artistes qui me l’ont dit en secret pour ne pas le contrarier. Je ne sais presque rien de son histoire, de son enfance dans la Petite Patrie, de la pauvreté dans laquelle il a vécu, de son travail de menuisier ou de régisseur au TNM, de ses précieux amis morts du sida ou dans un accident d’avion. Mon père ne parlait jamais de lui ni de son passé, et je ne savais donc presque rien de sa vie. Il s’est avéré être un grand-père fou de ses petits-enfants et le meilleur des pères pour moi. C’est une grande perte pour nous et pour sa merveilleuse compagne de vie Louise Claude»
Il n’est pas le seul à lui avoir rendu hommage, puisque Guy A. Lepage a également publié un texte touchant.
Lepage, qui a travaillé avec Jean-Claude par le passé et collabore aujourd’hui avec son fils sur Tout le monde en parle, a exprimé son admiration, son respect et sa reconnaissance envers le regretté producteur.
«Avant de travailler avec @guillaume_lesperance, j’ai travaillé avec son père Jean-Claude qui fut le producteur de Un gars, Une fille. Homme discret et peu mondain, il travaillait dans l’ombre à faire fructifier financièrement les créateurs qui l’accompagnait avec une probité et une efficacité trop rare dans ce milieu. Peu intéressé par les petits potins du quotidien et les anecdotes superficielles des gens qu’ils côtoyaient, les futilités l’agaçaient visiblement. Mais c’était pourtant lui qui se débattait corps et âme pour sortir du pétrin ces mêmes personnes lorsqu’elles étaient fragiles et démunies. Jean-Claude avait toujours 10 minutes à m’accorder pour écouter mes demandes quasi quotidiennes ou mes suggestions enthousiastes avec son petit sourire en coin. Il m’a invité chez lui, il est venu chez moi, il m’a fallu longtemps pour comprendre que je faisais partie des rares élus qui avait droit à cette faveur et certainement le seul à circuler partout chez Avanti sans y être invité. Il m’avait à la bonne. Un jour, il m’a abordé avec un ton différent. Presque timide, il m’a demandé si j’acceptais d’intégrer son jeune fils Guillaume dans mon équipe de production en me disant qu’il n’interviendrait jamais dans cette relation et que c’était moi le patron. C’était un homme de parole, là aussi. Jamais il ne s’est immiscé entre son fils et moi. Aujourd’hui, nous avons appris collectivement le décès de Jean-Claude. Discrètement, tel à son habitude. Aujourd’hui je repense à ce qu’il a fait pour moi : il m’a enrichi d’une part mais il m’a aussi enseigné la droiture, l’honneur, la loyauté, le respect de la parole donné et il m’a légué à jamais un ami d’abord et un associé ensuite : son formidable fils Guillaume. Merci pour tout Monsieur Lespérance. Mes condoléances à Louise Claude la femme de sa vie et son alter ego.»
Toutes nos pensées vont à la famille et aux proches.