« Il arrive que l’on doit montrer ou faire goûter jusqu’à une quinzaine de fois un légume à un enfant pour qu’il l’adopte dans son alimentation », confie Geneviève Dulude de l’Université de Montréal, dont la thèse porte sur les attitudes et les comportements de la mère québécoise, l’alimentation et le poids de l’enfant préscolaire.
En effet, le combat entre l’adulte, l’enfant et l’assiette a pour origine la néophobie ou peur des nouveaux aliments. Les enfants refusent de goûter un aliment, car ils ne le connaissent pas.
Pour remédier à cette situation, la diététiste conseille aux parents de varier les achats et les recettes. Transformer le traditionnel brocoli cru et au goût peu plaisant en brocoli sauté dans un poulet teriyaki et en brocoli broyé dans le pâté au poulet peut être un exemple.
Si votre enfant résiste au brocoli un premier soir, ne lui présentez pas jour après jour le bouquet vert dans son assiette afin de le convaincre. Attendez une semaine, apprêtez-le d’une autre façon et, entre-temps, faites-lui découvrir la carotte, le navet, le chou-fleur, etc.
« Le parent qui démontre de l’enthousiasme quant au plaisir de manger certains aliments augmentera leur acceptation auprès de l’enfant », affirme la diététiste àl’Agence Science Presse.
L’autorité, l’obstination, la négligence ou le chantage émotif à la saveur de récompense du genre « Tu n’auras pas de dessert si tu ne manges pas tout » ne fait que rendre la situation pire, selon l’experte.
Des questionnaires remplis par 122 mères québécoises d’enfants âgés de 3 à 5 ans ont permis de voir que près d’un tiers d’entre elles qualifient l’heure du repas de pénible.
C’est ce qu’a démontré une étude, publiée dans le Journal of Public Health, se penchant sur la relation entre le bien-être subjectif, l’usage de substances et le contexte socioéconomique auprès des écoliers de 10 à 15 ans en Angleterre.
Cependant, les jeunes qui disent être capables de communiquer avec leur famille plutôt qu’avec leurs amis seraient moins susceptibles de consommer des substances illicites.
Les auteurs de la recherche prétendent que le contexte socioéconomique de l’enfant, le désir de se sentir bien ainsi que le sexe de l’enfant influençaient ses habitudes de consommation.
D’autre part, ils disent que le fait de recevoir des repas gratuits augmenterait le risque d’utiliser de telles substances, puisque les enfants éligibles à ce programme sont globalement moins heureux que ceux qui ne le sont pas.
Les chercheurs ont également relié le fait de fumer du tabac à des risques plus élevés de consommer d’autres drogues.
Rappelons qu’en 2009, 180 000 enfants de 11 à 15 ans fumaient régulièrement du tabac, 540 000 avaient consommé de l’alcool dans la semaine avant, et 250 000 avaient pris de la drogue dans le mois précédent.
Des chercheurs de la revue Rutgers ont révélé de nombreux avantages pour les enfants qui mangent fréquemment en famille, comme l’apport accru en fruits, légumes, fibres et aliments riches en calcium et vitamines.
En effet, il a été démontré que plus une famille mangeait ensemble, moins les enfants consommaient des composantes alimentaires nocives pour la santé, comme des boissons gazeuses.
Bien que les chercheurs aient constaté un faible lien entre les repas en famille et le risque d’obésité, les enfants qui partageaient le repas avec leurs parents avaient tendance à avoir un indice de masse corporelle plus faible que les autres qui avaient l’habitude de se nourrir en solo.
Il a également été prouvé que le repas familial est un moment privilégié dans la journée pour fraterniser et discuter. La santé morale de tous s’en porterait d’ailleurs mieux la plupart du temps.
En Amérique du Nord, 40 % du budget alimentaire d’une famille typique s’écoule à l’extérieur de la maison (cafétéria, restaurants, etc.).
En plus de l’effet négatif sur le budget familial, ce choix de vie est mauvais pour la santé des parents et des enfants.
De plus en plus de familles ne mangent pas ensemble. Faute de temps, de volonté et d’outils, les repas familiaux sont souvent signes d’occasions spéciales et de vacances, maintenant.
Selon de nouvelles règles du département américain de l’Agriculture (USDA), les portions des cafétérias scolaires seront davantage surveillées et calculées, et plus de fruits, de légumes et de grains entiers seront servis aux enfants.
Cette mise à niveau, qui rendra service à plus de 32 millions d’enfants à travers les États-Unis, est une première en 15 ans et a été largement applaudie par la première dame des États-Unis, Michelle Obama.
Lors d’une conférence de presse, Kevin Concannon, sous-secrétaire de l’USDA pour les services d’alimentation, de nutrition et des consommateurs, a mentionné que le département était préoccupé par le gaspillage de nourriture dans les écoles.
Avec les nouvelles normes, l’USDA espère, d’ici les cinq prochaines années, réduire ses coûts de gaspillage en passant de 6,8 milliards à 3,2 milliards.
Pour y arriver, les enfants devront concevoir leur repas grâce à un menu à la carte. De plus, pour la première fois en 30 ans, le gouvernement augmentera de 6 % par repas les remboursements aux fins d’impôt.
Pour la santé des enfants, le nombre de calories dans les repas servis sera calculé selon leur âge. Les nouvelles normes prévoient réduire également le sodium et les gras saturés dans les repas scolaires, tout en favorisant le lait écrémé et les aliments sains.
Les bonnes manières : mode d’emploi
Les parents sont souvent aux prises avec le comportement de leurs enfants à l’heure des repas. Il semble même qu’un sondage mené auprès de 2000 personnes aurait révélé que 1 parent sur 5 n’irait même pas au restaurant pour cette raison.
Pourtant, les enfants sont tout à fait capables de bien se tenir à table. On lit quelques trucs gagnants sur le Daily Mail.
Tout d’abord, l’enfant doit prendre conscience de sa posture. Avant le repas, il prend donc le temps de s’asseoir bien droit, et ses mains ne doivent pas toucher la table.
Notre enfant doit aussi s’attarder à la façon dont il tient ses ustensiles. Si l’on est au restaurant, on en demande de plus petits, comme à la maison.
Toujours au restaurant, on le laisse choisir ce qu’il souhaite manger. C’est une sortie, aussi l’enfant veut-il lui aussi profiter de ce moment spécial. Et l’on évite ainsi au moins une crise.
Dès un jeune âge, l’enfant doit aussi s’assurer qu’il ne gaspille pas de nourriture, ou le moins possible. Au lieu de demander une énorme assiette, il commence par une plus petite et il prend le temps de la manger.
L’attitude est aussi très importante. L’heure du repas est souvent explosive parce que nos enfants se disputent entre eux, ou encore parce que le mets servi ne leur plaît pas vraiment. On pose donc des règles, on donne des exemples, puis on félicite les bons coups.
Dans le même ordre d’idée, on ferme les appareils électroniques et l’on ne répond pas au téléphone. Cela aide à la concentration.
Finalement, notre enfant ne doit jamais oublier les « s’il vous plaît » et les « merci ». Ils sont à la base de toute chose, et il doit toujours être reconnaissant pour les repas qui lui sont préparés.