Depuis sa dénonciation-choc, où elle allègue avoir été violée par Harvey Weinstein dans les années 1990, Rose McGowan a été propulsée à l’avant-plan du mouvement qui a pris d’assaut Hollywood.
Malgré la solidarité évidente qui a rassemblé les nombreuses femmes qui se sont opposées à cette culture du silence, l’actrice de 44 ans a toutefois vivement critiqué Meryl Streep dans sa démarche de porter du noir aux prochains Golden Globes, une prise de position symbolique en réaction au climat ambiant. Dans un tweet qui a été effacé depuis, Rose s’en prend à cette manifestation silencieuse :
« Les actrices comme Meryl Streep, qui ont gaiement travaillé pour le monstre cochon, porteront du noir aux Golden Globes pour manifester silencieusement. VOTRE SILENCE EST le problème. Vous accepterez un prix inutile sans souffler et sans créer de réel changement. Je méprise votre hypocrisie. Vous devriez peut-être toutes porter du Marchesa », dit-elle en faisant référence à la marque haut de gamme Marchesa, fondée par Georgina Chapman, l’ex-femme de Harvey Weinstein.
Meryl Streep a depuis émis une déclaration en répondant aux nombreux sous-entendus qui ont été faits par Rose McGowan quant à sa relation avec le producteur déchu.
« Les attaques de Rose McGowan m’ont beaucoup blessée, mais je veux qu’elle sache que je ne savais rien au sujet des crimes de Weinstein, autant en 1990 lorsqu’a eu lieu son attaque que lors des décennies suivantes lorsqu’il s’est affairé à en attaquer d’autres.
Je n’étais pas silencieuse délibérément. Je ne savais pas. Je n’approuve pas tacitement le viol. Je ne savais pas. Je n’aime pas que des jeunes femmes se fassent violer. Je ne savais pas que tout cela se produisait.
Je ne sais pas où vit Harvey, tout comme il n’est jamais venu chez moi. Je n’ai jamais été invitée dans sa chambre d’hôtel. J’ai été à son bureau une fois, pour une rencontre avec Wes Craven pour Music of the Heart en 1998.
HW a distribué des films que j’ai faits avec d’autres gens. HW n’était pas un réalisateur; il était plus souvent un producteur, principalement un distributeur de films faits par d’autres gens … certains d’entre eux très corrects, d’autres moins corrects. Mais pas tous les acteurs, actrices ou réalisateurs qui ont travaillé sur les films distribués par HW savaient qu’il abusait des femmes, ou qu’il a violé Rose dans les années 90, des femmes avant, des femmes après, jusqu’à ce qu’elles nous le disent. Nous ne savions pas que le silence des femmes avait été acheté par lui et ses facilitateurs.
HW avait besoin que l’on ne sache pas cela, parce que notre association lui donnait de la crédibilité, et l’habileté d’attirer des jeunes femmes pleines d’espoir dans des circonstances où il leur ferait du mal. Il avait besoin de moi bien plus que je n’avais besoin de lui et il s’est assuré que je ne le sache pas. Apparemment il a engagé d’anciens opérateurs de Mossad pour protéger ces informations du public. Rose et la liste des autres victimes de ces hommes puissants, riches et impitoyables doivent faire face à un adversaire pour qui gagner, à n’importe quel prix, est la seule issue possible. Voilà pourquoi des fonds de défense légale pour les victimes sont amassés à l’heure actuelle, par des gens au grand coeur dans notre industrie, contribueront afin de faire tomber ces bâtards, et pour aider les victimes à vaincre ce mal qui sévit de l’intérieur.
Rose a assumé et a propagé des idées fausses à mon propos, et je voulais lui laisser savoir la vérité. Grâce à des amis qui la connaissent, j’ai pu la contacter de mon numéro résidentiel la minute où j’ai lu les grands titres. Je suis restée assise près du téléphone toute la journée hier et ce matin, espérant exprimer à la fois mon respect profond pour sa bravoure et celle des autres à exposer les monstres qui nous entourent, et ma sympathie pour les douleurs anonymes et persistantes dont elle souffre. Personne ne peut ramener ce que ces patrons comme Bill O’Reilly, Roger Ailes et HW ont pris des femmes qui ont enduré leurs violences à même leurs corps et leur capacité à travailler. Et j’espère qu’elle me donnerait la chance de m’entendre. Elle n’a pas voulu, mais j’espère qu’elle lira ceci.
Je suis profondément désolée qu’elle me voie comme une adversaire, parce que nous sommes toutes les deux, ainsi qu’avec toutes les femmes de notre industrie, debout et défiantes de ce mal implacable : un statu quo qui veut tellement qu’on retourne aux mauvais vieux temps, le vieux temps où les femmes étaient utilisées, abusées et refusées dans les prises de décision dans les plus hautes sphères de l’industrie. Ces pièces doivent être désinfectées et intégrées, bien avant que quoi que ce soit ne soit finalement prêt à changer. »
Souhaitons que Rose et Meryl fassent la paix, pour mieux se battre contre cet ennemi commun : la culture du viol.
À lire aussi :
Le créateur des Frères Scott aurait abusé des femmes de son équipe
Ce site vous permet d’éviter les films ayant collaboré avec des harceleurs
Source : Huffpost