Le Canadien comptait sur sept espoirs présents au dernier CMJ, égalant ainsi le record d’équipe de 2019.
Comment tous ces jeunots s’en sont-ils tirés?
Voici un bulletin qui, on le souhaite, vous en donnera une idée assez claire. Notez qu’on a pris en considération l’âge des joueurs ainsi que leur rôle au sein de leur équipe respective dans l’attribution des résultats.
Procédons du meilleur au moins bon!
Lane Hutson : A
1 but, 4 points, +1 en 7 matchs
Oubliez le nombre total de points : toutes proportions gardées, seul Luke Hughes, leur « go to guy » cette année, a peut-être été supérieur à Hutson au sein de la brigade défensive américaine. Et pas par beaucoup car le vétéran de 19 ans a fait preuve de nonchalance à plus d’une occasion, ce qui n’a pas été le cas avec Hutson.
Excellent en levée de rideau et tout au long du tournoi, le petit défenseur américain a joué tel qu’annoncé. Il semble avoir du nitro dans les jambes lorsqu’il fait ses croisés et qu’il décide de décamper avec la rondelle. Il semble d’ailleurs souvent impossible de lui enlever cette dernière tellement il peut la garder loin de son corps avec un bâton qui paraît surdimensionné. Impressionnant.
Le voici qui orchestre le but gagnant des États-Unis pour la médaille de bronze :
Hutson a bien sûr dû accepter un rôle secondaire parce qu’il n’a que 18 ans, alors que pratiquement tout le reste de la brigade avait 19 ans. Hughes prenait aussi toutes les grosses minutes offensives. Il a donc peu joué en même temps que le gros trio de Cooley et devait aussi se contenter de quelques secondes sur la deuxième vague de l’avantage numérique. Si les passes lumineuses qu’il a servies à répétition à ses coéquipiers dans l’enclave s’étaient converties en buts un peu plus souvent, Hutson aurait facilement pu terminer le tournoi avec 7-8 points.
Mais qu’à cela ne tienne, sur le plan des habiletés, il a peu à envier à un gars comme Hughes à bien des niveaux. Pas aussi fluide, pas un aussi bon lancer, pas aussi costaud, mais il compense par sa créativité, sa compétitivité, son intelligence, etc. On dirait que le jeu n’est jamais terminé avec Hutson. Il n’abandonne jamais.
Si on avait à choisir entre Hutson et le prochain sur la liste à titre d’espoir le plus impressionant du CH au CMJ, nous pencherions du côté de Hutson en raison de son âge. Aucun doute dans mon esprit qu’il sera le « go to guy » des États-Unis l’an prochain. Imaginez juste ce qu’il fera à 19 ans, comme défenseur numéro 1 et boss du PP1… Pas mal certain qu’il fera mieux que les 5 points de Hughes…
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Joshua Roy : A
5 buts, 11 points, +14 en 7 matchs
Difficile d’être le premier de classe quand Connor Bedard est ton coéquipier, mais Roy s’est certainement mérité quelques votes de seconde place parmi les joueurs canadiens. Le Beauceron est apparu calme et en contrôle tout au long de la compétition jusqu’à cette passe patiente et précise à Dylan Guenther pour la victoire en finale.
L’été dernier, on comparait le style de Roy à un mélange de Huberdeau et Ribeiro. Eh bien, pour ce que ça vaut, il détient maintenant le record pour le plus grand nombre de points par un Québécois dans l’histoire du CMJ… devant ce même Huberdeau!
Le numéro 9 du Canada a fait la démonstration absolue qu’il peut évoluer avec des joueurs de grand talent et qu’il a de la glace qui lui coule dans les veines. Rien ne l’énerve, rien ne le pétrifie.
Roy est aussi capable d’exceller défensivement et peut aussi bien jouer en désavantage qu’en avantage numérique. Tout ça fait de lui un joueur de plus en plus polyvalent et digne de confiance, capable de remplir de nombreuses missions pour son club. On ne voit plus cette petite nonchalance dans son jeu. Du moins, elle n’a pas été présente lors de cette compétition.
Même si on a noté un certain progrès, Roy ne sera peut-être jamais le plus rapide – il lui faut encore améliorer une technique et une explosion un peu déficiente -, mais il est souvent déjà rendu là où il doit se rendre, donc très souvent, ça compense! Il présente un QI hockey bien au-dessus de la moyenne, et ça c’est un atout qui à notre sens devrait lui assurer un avenir dans la LNH.
Après deux passages fort réussis au CMJ, Roy terminera son stage junior ce printemps en essayant de conduire Sherbrooke à la Coupe du Président et qui sait, peut-être à une Coupe Memorial, alors que le Phoenix présentera encore un gros club pour les séries cette année.
Après?
Après, tout dépendra de son été d’entraînement et du prochain camp. S’il parvient à améliorer encore un peu plus son coup de patin… Watch out!
Mais bon, vue d’ici, un beau petit passage à Laval semble réaliste pour 2023-2024.
Or, qui sait, avec les nombreux départs anticipés à l’attaque, à commencer par ceux de Drouin et Byron, il y aura peut-être une place pour lui à Montréal.
Ce sera à lui de la prendre.
Une fois à Montréal, son jeu dictera ensuite avec qui on le fera jouer. Il est beaucoup trop tôt pour statuer sur ses futurs partenaires de trio!
Mais, comme Sean Farrell, force est d’admettre qu’il présente déjà un profil, si ce n’est pour faire partie d’un éventuel top 6, certainement d’un top 9.
Il n’a pas terminé premier marqueur de la LHJMQ à 18 ans par hasard.
Une autre fierté beauceronne! #Chabot #Poulin #Gourde
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Filip Mesar : B+
2 buts, 6 points, +3 en 5 matchs
Rapide comme toujours, bonnes mains, mais les jeux de Mesar ne se terminent pas toujours de la bonne façon, car ses décisions ne sont pas toujours les meilleures offensivement, surtout en avantage numérique.
C’était toutefois un homme de confiance de la Slovaquie et on l’a senti impliqué à chaque présence. Il a réalisé une des belles passes du tournoi sur le but égalisateur qui allait forcer la prolongation contre le Canada en quart de finale.
Avec ses 6 points en 5 matchs et sa fiche de +3, on n’a d’autre choix que de lui donner une bonne note pour son tournoi.
On doit cependant les comparaisons farfelues avec Kovalev. Même s’il fait parfois un peu de magie avec ses mains, Mesar ne sera jamais un joueur dominant dans la LNH. Mesar sera un ailier honnête, une « troisième roue de qualité », un Lehkonen nouveau genre, capable d’un peu plus de fantaisie.
Mais, comme on le disait dans notre dernier article sur le CMJ, on ne voit pas comment il pourrait un jour supplanter Jiri Kulich, choisi deux rangs après lui par les Sabres et un des joueurs réellement dominants du tournoi 2023 avec ses 7 buts en 7 matchs. Je n’oserais même pas les mettre dans la même catégorie.
Si Kulich devient une vedette comme on le prétend, ce sera peut-être la première petite tache au dossier des nouveaux recruteurs en chef du Canadien… Mais, au moins, Mesar, contrairement à d’anciens flops sélectionnés en fin de première ronde de la dernière administration, devrait atteindre la LNH dans un délai raisonnable et y avoir un certain impact une fois rendu.
Au risque de se répéter, dans le style de Lehkonen…
Adam Engtrom : B
1 but, 3 points, +6 en 7 matchs
Force est d’admettre que le choix de 3e ronde du CH en 2022, 92e au total, a de quoi intriguer. Solide et fiable défensivement, Engstrom était clairement un des hommes de confiance pour la Suède.
Engstrom possède une belle mobilité, il patine très bien dans toutes les directions. On peut aussi voir une belle maturité et une certaine robustesse dans son jeu. Il semble aussi assez fort physiquement. Il est capable d’excellentes premières passes, mais on ne lui trouve pas un énorme talent offensif.
Cela dit, si on le compare à son compatriote Norlinder, je préfère de loin les chances d’Engstrom de s’établir un jour dans la LNH. Plus complet.
Mais il est aussi une grosse coche en-dessous d’un Romanov qu’on avait vu complètement dominer ce tournoi à 18 ans, il y a quelques années.
Si on voit encore trop de timidité dans le jeu du Suédois pour croire qu’il deviendra un jour défenseur d’impact dans la LNH, rien ne presse dans son cas, il peut encore se développer une ou deux autres années en Europe avant de tenter sa chance de ce côté-ci de l’Atlantique.
Le CH regorge de jeunes défenseurs gauchers. Engstrom devra montrer qu’il peut s’élever au-dessus de la meute.
C’est pas fait.
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Vinzenz Rohrer : B
1 but, 3 points, -3 en 5 matchs
Ce n’était certainement pas évident, mais le jeune Rohrer s’est quand même démarqué dans le camp autrichien. En général beaucoup plus rapide, impliqué et agile que ses compatriotes, on aurait aimé le voir évoluer avec un peu plus de partenaires de son calibre, ne serait-ce qu’avec un club comme la Slovaquie, par exemple.
Pour ce que ça vaut, le fait qu’il ait terminé la compétition avec un très respectable différentiel de -3 indique que lorsqu’il était sur le jeu son équipe parvenait à se défendre plutôt bien. Plusieurs attaquants autrichiens étaient un peu plus frigorifiés autour du -10…
Rohrer montre une nette progression dans son rendement offensif cette saison dans la OHL avec ses 32 points en 26 matchs pour le compte des 67 d’Ottawa.
Un des plus jeunes joueurs du dernier encan, il n’aura 19 ans qu’en septembre prochain et on espère avoir la chance de le voir au camp d’entraînement du CH cette année, lui qui a dû manquer le dernier camp dû à une malencontreuse blessure au visage.
Je ne parierais encore pas contre les chances de Rohrer d’atteindre la LNH un jour. C’est un joueur, intelligent, talentueux et déterminé.
À suirrrrrrrrrrrre!
Oliver Kapanen : B-
2 buts, 3 points, -1 en 5 matchs
Le choix de 2e ronde (64e au total) du Canadien en 2021 pilotait le premier trio de la Finlande à titre de vétéran de 19 ans. Il a joué beaucoup de minutes et dû s’acquitter autant des mission offensives que défensives et les résultats ont été… ordinaires.
Le Finlandais possède un assez bon gabarit et une bonne force physique. Patineur honnête, assez puissant, Kapanen ne triche pas sur la glace. Il offre un effort constant et ses entraîneurs savent à quoi s’attendre de lui.
Mais il y a très peu de nuance et de tromperie (deceptiveness) dans son jeu. Il peut ainsi devenir prévisible et ce n’était certainement pas le centre de premier trio idéal pour la Finlande. Son compatriote, le tireur élite, Joakim Kemell, en a d’ailleurs un peu souffert, lui qui n’a récolté que deux buts et quatre points lors de la compétition…
Même s’il présente des statistiques intéressantes en Liiga finlandaise cette saison (13 points en 31 matchs), l’avenir de Kapanen dans la LNH est loin d’être assuré.
Cela dit, certains comme Grant McKagg, le verrait très bien piloter un jour le 4e trio du CH.
C’est effectivement pas mal la seule place où on oserait le placer dans le meilleur des scénarios.
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Owen Beck : Pas noté
1 point en 3 matchs
On ne notera pas Beck, car il n’a en réalité fait qu’une dizaine de présences sur la patinoire en trois matchs.
Mais ce fut assez pour qu’on le reconnaisse : bon au cercle des mises en jeu, bien positionné, confiant, fiable. Arrivé en remplacement en quart de finale, Beck n’est pas apparu déphasé par rapport à ses coéquipier. S’il avait eu 19 ans, il aurait sans doute été présent dès le débuts des hostilités.
Pas de doute, qu’il sera un homme de confiance du Canada pour la prochaine édition, s’il y revient. Le CH l’observera avec énormément d’attention lors du prochain camp et pourrait être tenté de le garder à Montréal…
Beck, un jeune homme des plus brillants, joue déjà avec un style professionnel et une maturité hors du commun. Il est l’espoir à l’attaque qui nous inspire le plus confiance parmi ceux qui n’évoluent pas déjà dans la LNH.
Pour le plaisir, on suivra de près sa fin de saison avec Peterborough en parallèle avec celle de Shane Wright qui serait sur le point d’être échangé dans la OHL… Deux joueurs au style similaire…
Prolongation
Conclusion
Il est difficile d’affirmer le contraire : les espoirs du Canadien ont généralement bien paru, voire très bien paru pour plusieurs lors du dernier Mondial junior.
Mais il faudra éviter de partir en peur.
Mis à part pour Lane Hutson, on ne voit pas vraiment de vedettes en devenir dans le lot. S’ils poursuivent leur belle progression Beck, Roy, Mesar devraient atteindre la LNH y occuper des rôles intéressants. Pour Kapanen, Engstrom et Rohrer, tout dépendra de la suite de leur développement.
Au risque de se répéter, ce qu’il manque au Canadien ce sont 3-4 autres joueurs supérieurs ou égaux aux Suzuki, Caufield, Guhle et Slafkovsky.
S’ils en repêchent au moins deux l’été prochain, ce sera un gros pas dans la bonne direction.