Depuis quelque temps, j’ai comme une pression au coeur, un manque de souffle, un poids sur mon corps en entier. J’approche de ma première année de congé de maternité complétée. Wow. 1 an. Déjà. Ou pas, parce que je l’ai souvent trouvée longue et pas facile, cette année. J’ai tellement cherché la cause du pourquoi je ne me réjouissais pas de toutes ces minutes passées avec mon fils, pourquoi tous ses pleurs m’apparaissaient comme un fardeau à chaque fois. J’ai cru que je pouvais justifier mon état par l’effet de la pilule contraceptive post-accouchement, par la perte d’emploi de mon conjoint, par le confinement obligé de la COVID-19… Mais mes suppositions ne changeaient rien et mon manque d’enthousiasme continuait de persister. À qui la faute alors? À quoi?
Les commentaires de mes chums de filles aussi mamans étaient tous les mêmes : « C’est normal. Prends du temps pour toi, ça va passer. » Super. Je suis normale. Mais je ne me sens tout de même pas mieux! Prendre du temps pour soi? Comment fait-on? J’ai beau avoir fait un bac, cette formule me semble toujours aussi mystérieuse et indéchiffrable. Mais bon, j’ai décidé d’essayer quelque chose. Hier, j’ai enfin accepté de faire garder mon fils un après-midi et de prendre ce temps pour aller jogger seule et non pour laver mon plancher.
J’ai débuté ma séance de jogging par la gestion des milles idées qui prenaient parole dans ma tête sans attendre leur tour de table. « Que vas-tu faire après la crise du Coronavirus? Vas-tu te réorienter? Comment vas-tu te réinventer? Où vas-tu aller ???? » Et j’ai à nouveau ressenti mon coeur se tordre comme une moppe qu’on sort de son seau rempli d’eau. Une véritable torsion de colère. Qu’est-ce qui, ou plutôt QUI peut bien me fâcher autant, que je lui dise en pleine face ma façon de penser et que je puisse enfin me libérer !
Et là, à bout de souffle, je termine ma course, je prends mon tapis de yoga, je libère mes pieds de leur cage d’espadrilles et je m’installe à l’ombre en quête de ce qui pourrait se rapprocher le plus d’un état méditatif. Je n’ai pas trouvé l’état méditatif. Comme d’habitude. Toutefois, j’ai eu un coup de baguette magique sur la tête. Mes anciennes lectures de psycho pop me sont revenues à l’esprit. Une des fameuses recettes du bonheur a resurgi dans ma mémoire : « Tu connaîtras le bonheur que si tu ne mets pas la faute à ce qui t’entoure extérieurement, que si tu pardonnes à la seule chose que tu puisses contrôler, c’est-à-dire toi-même. »
Ah ben. Je pense que je l’ai trouvé. La personne à qui j’en veux, c’est moi! Qu’est-ce que je me reproche alors?
De NE PAS ÊTRE ASSEZ.
Ouais, c’est ça. Je ne suis pas assez et ça me fait chier.
Je ne suis pas assez bonne comédienne pour pratiquer mon métier 7 jours sur 7.
Je ne suis pas assez ambitieuse pour démarrer des projets ou mon entreprise.
Je ne suis pas assez économe pour avoir une retraite confortable assurée.
Je ne suis pas assez positive pour ne pas embêter mon mari avec mon air bête.
Et surtout, je ne suis pas assez bonne maman pour être patiente avec tous les besoins que mon fils exige.
Good! C’est dit! Maintenant, c’est quoi la prochaine étape? Ah oui… Pardonner… Oh boy, ça c’est de l’abstrait pur.
Je ferme les yeux, je lève le son de ma playlist Spotify « Feel Good » pour créer ironiquement du silence autour de moi, et tente de respirer dans la position de Bouddha. Le vent se lève et vient me prendre dans ses bras. Ses caresses me font du bien. J’ai soudainement davantage de place pour inspirer. « Bon, allez, à go, tu te pardonnes. 1…2…3… »
Je ne sais pas si je me suis pardonné, mais j’ai senti mes yeux se mouiller soudainement et j’ai eu de petites larmes chaudes qui ont coulé sur mes joues. J’ai ouvert les yeux et j’ai vu les arbres danser sous le vent. La chanson «You Can’t Rush Your Healing » de Trevor Hall a débuté. Je me suis dit qu’il était temps de célébrer. J’ai commencé une salutation au Soleil totalement imparfaite, parce que je ne suis pas assez disciplinée pour pratiquer le yoga régulièrement… pis c’est ben correct. Je chantais les paroles à voix haute au milieu du parc et je m’en foutais.
Je suis allée chercher mon fils. Nous étions contents de se retrouver. Je lui ai dit : « viens dans les bras de ta maman pas assez parfaite». Et j’ai eu le plus beau câlin de sa part, dénudé de tout jugement. Nous sommes restés collés longtemps comme ça. Juste ASSEZ longtemps.
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