Mon histoire commence comme plusieurs autres infidélités: par des sourires et quelques mots. Ce moment où on devrait dire « non », celui que je reprocherais à mon amoureux. Tu étais brillant, important… Plus vieux.
On a parlé des semaines: de nos vies, de nos enfants. Nos échanges sont devenus des textos, de plus en plus crus, assumés. Tu t’adressais à la femme. Ça me faisait un bien fou. Tu m’as offert une sortie, un lift, un french d’adolescente. Puis, les frenchs sont devenus une vraie aventure, avec des souvenirs. Plus tu alimentais ce flirt, plus je réalisais à quel point ma vie sentimentale était loin de mes attentes.
J’étais insatisfaite et je pensais que de te gagner TOI chasserait ce mal-être. Pourtant, j’allais de mal en pis. Un an a passé… Personne ne comprenait.
« Si on se voit, il va falloir que ce soit le fun. » Ce sont tes mots, quelques mois avant la fin, quand je commençais à devenir lourde. J’ai cru que tu parlais de sexe. Avec le recul, je vois que ça signifiait que je devais être conciliante, jouer selon tes règles. Toujours heureuse, jamais dans la demande. Flexible, je devais accepter tes annulations, tes changements de plans, tes voyages soudains avec elle.
Cela dit, je n’ai jamais voulu du rôle de maîtresse. Je voulais ce chalet rêvé à deux. Je voulais connaître tes enfants. Tu me parlais d’elle, moi, je t’ignorais. Tu me parlais aussi de ma famille. De l’importance du couple, de l’impact d’une rupture sur des enfants. Tu ne voulais tout simplement pas d’une maîtresse célibataire qui n’a plus rien à perdre.
En fait, si un seul moment j’ai cru que tes paroles ou tes gestes servaient mon intérêt, j’ai eu tort. L’engagement des deux, ailleurs… Un beau filet.
La journée où tu m’as dit que tu ne partirais PAS, j’ai trouvé un logement et j’ai fait mes valises. Une semaine plus tard, je dormais sur le plancher d’un appartement vide. J’ai emménagé avant mes meubles, je voulais un endroit pour pleurer.
Même s’il n’en savait rien, je ne pouvais plus rester dans sa vie. Tu m’avais donné envie de plus et ce que je voulais n’était ni dans ma relation avec toi, ni avec lui. Alors, je suis partie. Tu as disparu, des semaines, des mois.
Ceux qui savent me demandent souvent si je t’en veux. J’y étais aussi, c’était mon choix. Tout de même, je t’en veux de m’avoir promis tant et donné si peu, de ne pas m’avoir prévenue. Je t’en veux de m’avoir fait croire que je n’étais « pas assez » et SURTOUT, je t’en veux de te pas plus t’en excuser à ce jour.
Aujourd’hui, tu es toujours avec elle. Je ne voudrais plus sa place. Tu m’écris de temps en temps, tu t’informes. Tu t’en fais pour moi… Faux!
Tu t’en fais pour toi et moi, je ne réponds pas. Ça m’amuse de penser que, dans ta vie si heureuse, tu as peur… Juste assez.