La semaine des 4 Julie a pris des airs de patinoire ce jeudi le temps de recevoir Joanie Rochette. En effet, la production avait transformé le tapis roulant du plateau en une fine glace pour que l’ancienne patineuse fasse une entrée fracassante. Plus habile sur ses patins que Julie Snyder en début d’émission, Joanie Rochette a offert une entrevue très touchante en se remémorant le décès de sa mère, Therese Rochette, il y a de cela déjà 10 ans.
Il est important de se rappeler que Joannie Rochette était à ce moment aux Jeux olympiques de Vancouver où elle a remporté la médaille de bronze en patinage artistique. Tout cela deux jours après avoir appris que sa mère l’avait quittée. Sa performance à la fois forte et émouvante a marqué à jamais le coeur de tous les Québécois et spectateurs à l’écoute de ce grand moment.
L’animatrice a demandé à l’ancienne athlète comment elle vivait avec le deuil de sa mère et si la période des Jeux olympiques la ramène toujours à ce moment. Joannie Rochette s’est encore une fois montrée d’une résilience impressionnante en lui répondant : « C’est sûr que j’y pense tous les jours. Chaque année, à son anniversaire, j’ai une petite pensée spéciale, mais la vie continue. Elle fait partie de moi, peu importe ce que je fais dans la vie, je sais qu’elle est là ».
Capture d’écran
Dix ans plus tard, Joannie Rochette a choisi de revivre ce triste épisode dans une lettre qu’elle a écrite puis publiée sur le site de Radio-Canada. Elle a lu quelques extraits de cette lettre à La semaine des 4 Julie.
« Il était 6h, le 21 février 2010, quand je me suis aperçue que mon téléphone clignotait. Le message avait été laissé la veille, à minuit. C’était mon père. »Rappelle-moi, c’est urgent ». Derrière sa voix, j’entendais des sirènes d’ambulance. Déjà, que mon père m’appelle, ce n’était pas normal. D’habitude, c’était toujours ma mère. […] Je me doutais donc qu’il se passait quelque chose. Je l’ai rappelé tout de suite. »Ne bouge pas, j’arrive ». C’est tout ce qu’il m’a dit.
Moins de cinq minutes plus tard, mon père est arrivé. Il était déjà dans le village.
Avec le recul, je réalise que j’aurais dû me demander ce qu’il faisait là. Parce que normalement, le village olympique est un endroit réservé aux athlètes et aux membres du personnel des équipes. La famille n’y a pas accès. Mais comme j’étais endormie, nerveuse aussi, je n’ai pas fait le lien. […] Puis, j’ai allumé. J’ai bien vu que ma mère n’était pas là. Dans ma tête, il était arrivé un accident. Un accident d’auto, quelque chose au condo où ils habitaient ou je ne sais pas quoi. Mais jamais, jamais je n’aurais pensé qu’elle était morte.
Mon père était là, avec toute la délégation canadienne, et il avait tellement de difficulté à parler. Il tournait autour du pot. Je me suis dit qu’elle était sans doute à l’hôpital, et qu’ils étaient là pour m’emmener la voir. J’ai dit à mon père : »Viens-en aux faits. »
Maman est morte.
C’est là que j’ai fait le saut.
Je n’y croyais pas au début. Dans ma tête, ce n’était pas clair si c’était un rêve ou la réalité. Mon cerveau refusait d’enregistrer la nouvelle. Ma mère? Morte d’une crise cardiaque à 55 ans?
Ensuite, on m’a conseillé d’aller à l’hôpital puisque ma mère était encore dans son lit. Ils la gardaient pour que je puisse la voir. Les médecins étaient là, et ils pourraient répondre à nos questions. […] C’est là que ç’a le plus fessé. Quand je l’ai vue. Quand je l’ai touchée. Sa peau était déjà plus dure et froide. Ça m’a permis de me sortir du déni.
Mon père et moi avons pris un moment d’intimité avec elle. On a pris des photos, on a pleuré. On a pris une bonne heure pour faire nos adieux. J’ai encore ces photos dans mon cellulaire. C’est mon dernier moment avec elle. »
C’est un témoignage bouleversant qu’elle offre avec tout son amour. Elle y avoue également des faits très intimes, comme d’avoir pris les bas que portait sa mère avant que les médecins ne l’amènent à la morgue. Elle voulait conserver quelque chose du dernier moment passé avec sa mère. Elle a toujours cette paire de bas avec elle, dans la commode juste à côté de son lit.
On ne peut que la saluer encore une fois pour son courage.
Un moment de télé très fort…
Pour lire la lettre dans son intégralité, c’est ici. Pour voir l’entrevue complète, direction Noovo.