Yvon Deschamps se trouvait sur le plateau de Tout le monde en parle où il abordait la perte de son ami et ancien gérant Guy Latraverse, ainsi que leur collaboration parfois intense.
«Yvon, en terminant le grand producteur et gérant d’artiste Guy Latraverse est décédé cet automne. Il s’est occupé de ta carrière comme tant d’autres grands artistes. Vous avez accompli de grandes choses ensemble. Qu’est-ce que tu aurais envie de dire à son sujet?», lui demande l’animateur Guy A. Lepage.
«Écoute, j’ai des sentiments ambigüs et différents envers Guy (…) Grâce à lui, j’ai une carrière exceptionnelle. Plus grâce à sa maladie qu’à lui, il faut bien le dire. Il n’avait aucune idée de ce qu’il me faisait (…) Il m’a mis dans des situations où j’aurais pu mourir. Écoute, il m’a fait faire 21 spectacles en six jours. Penses-y là, deux heures de spectacle. Un jour, trois. L’autre jour, trois. L’autre jour, trois. L’autre jour, quatre. L’autre jour, cinq. L’autre jour, trois. Tu ne peux pas survivre à ça. Surtout que je sortais d’avoir… il m’avait fait écrire deux shows en deux mois, que je jouais douze fois par semaine, deux fois par jour. Puis, là, il rajoute à ça un petit 21 shows en six jours! Il me considérait comme une machine, j’étais une machine. Je n’avais pas d’émotions», dévoile Yvon Deschamps.
«Est-ce que vous vous êtes révolté?», lui demande alors Kim Lévesque-Lizotte.
«Vers la fin. Les dernières années, en 81. On avait deux enfants (…)», répond notamment l’humoriste, révélant au passage avoir subit une importante perte financière en marge de sa surexposition par Guy Latraverse.
«(…) quand Guy est mort, je vais te le dire, quand il est mort, ça faisait une vingtaine d’années qu’on ne travaillait plus ensemble. On s’était vu une couple de fois (…) Le jour des funérailles, je n’étais pas là. J’étais avec Judi à Chicoutimi, paradoxalement la ville où Guy est né. Alors, j’avais écrit un petit mot. Et deux jours plus tard, j’étais à l’hôtel, à Chicoutimi (…) Et tout à coup, je me suis mis à pleurer, un enfant. Je criais, je hurlais, je pleurais. Qu’est-ce que j’ai, qu’est-ce que j’ai, qu’est-ce que j’ai? Et là je me suis rappelé une chose. Quand les gens partent, c’est à la grosseur du trou qu’ils te font dans le cœur que tu mesures l’amitié ou l’amour que tu avais. Et il m’a laissé un méchant trou», termine Yvon Deschamps avec sa prose légendaire.