Voici ce que vous entendrez (et verrez) à la Fête nationale

Avouons-le: autant ils sont rassembleurs et festifs, les spectacles de la fête nationale, autant il est souvent facile de prédire quels succès intemporels de la chanson québécoise y seront interprétés, année après année.
Combien de fois, dans votre vie, avez-vous fredonné Le blues d’la métropole (Beau Dommage), Un musicien parmi tant d’autres (Harmonium), Entr’ deux joints (Robert Charlebois), Jonquière (Plume Latraverse) ou Provocante (Marjo) un soir de 23 ou 24 juin, entre deux fleurdelisés ballant au vent, une bière (si ce n’est autre chose qui fait de la fumée) à la main?! La fête nationale à Montréal en étant en 2025 à sa 191e édition, force est d’admettre que les plus âgés d’entre nous doivent commencer à bien connaître quelques-uns de leurs classiques.
Or, bien sûr, tant au rendez-vous des plaines d’Abraham (Québec, 23 juin), qu’à celui du parc Maisonneuve (Montréal, 24 juin), les artistes varient d’une édition à l’autre. On rebrasse les pots-pourris, on réarrange les valeurs sûres, on crée des moments qu’on espère inédits…
À Québec, ce lundi, par exemple, on aura droit à un medley ayant pour thème «le tour du Québec». Le road trip musical d’Ariane Moffatt, Garou, Bleu Jeans Bleu, Gab Bouchard, Marie-Denise Pelletier et leurs comparses nous fera passer, entre autres, de Les ailes d’un ange (Charlebois) à Montréal (Moffatt), Repentigny-by-the-sea (Cowboys Fringants), La rue principale (Les Colocs) et Harmonie du soir à Châteauguay (Beau Dommage). Un sympathique voyage dans notre Belle Province, au pied de la scène ou devant nos téléviseurs!
Les membres du projet Kwe! On a quelque chose à raconter, reprendront également Un musicien parmi tant d’autres en jumelant les voix de représentants des 11 nations autochtones du Québec. Et Mélissa Bédard revisitera S’il suffisait d’aimer… Et Marie-Denise Pelletier sera portée par une chorale d’enfants sur Inventer la terre…
Mais, au-delà de l’évidence, comment fait-on, pour réinventer le party de la fête nationale, année après année? Comment jongle-t-on entre immortelles et nouveautés? Et si jamais on se lassait, un jour, de l’Harmonie du soir à Châteauguay?
«Déjà, à la fête nationale, il faut un équilibre entre voir ce qu’on peut amener de nouveau, et… Il y a un côté Casse-Noisette, à la Saint-Jean! Si on ne chante pas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, Québec! [Les ailes d’un ange, NDLR], à la Saint-Jean, on ne chantera pas du tout!», fait valoir Benoit Landry, metteur en scène et codirecteur artistique du spectacle de Québec, qui avait orchestré l’événement Plaines de chansons, dans la même ville, l’an dernier.
«Nous, on a un concept sans animateur. On a des porte-parole [le couple Sébastien Diaz – Bianca Gervais cette année, NDLR], les artistes prennent la parole à tour de rôle. Mais c’est de se faire un gros party où les chanteurs se reçoivent, les uns, les autres, participent aux chansons des uns et des autres. On a un sentiment de gros jam, qui va teinter fortement l’ambiance, sans prétendre réinventer quoi que ce soit. Ça ne sera pas une suite d’artistes invités qui vont défiler; ce sont eux qui reçoivent!»

«On a aussi des numéros vraiment axés sur la musique, et d’autres qu’on perçoit comme des numéros de production, avec des tableaux très visuels, où il y a des danseurs, des acrobates, de la vidéo. Tous les langages ont la même place», complète Benoit Landry.
Pour Pierre Séguin, metteur en scène et réalisateur du spectacle de Montréal, il importe de tracer la distinction entre une prestation collective de la fête nationale et un spectacle de variétés habituel.
«Ce n’est pas un spectacle où on fait des découvertes et où on lance un album», observe celui qui a piloté des dizaines de rassemblements du genre par le passé. «Ce sont des classiques. Dans un show de la fête nationale, on se raconte notre histoire. On fait des liens entre les générations, et on découvre de nouveaux artistes à travers les chansons qui ont joué beaucoup à la radio cette année, et qu’on relie peut-être à des visages pour la première fois.»
«Par exemple, cette année, c’est sûr que Robert Charlebois va faire ses grands classiques. Mais il est aussi très généreux et il partage la scène avec des plus jeunes, et ils font des affaires incongrues, qui n’ont été faites nulle part ailleurs. On a aussi une chorale de 150 personnes, de l’Alliance chorale du Québec, qui fête son 50e anniversaire – comme la chanson Gens du pays -, et on raconte une histoire. Notre devise, au Québec, c’est Je me souviens : c’est pour ça qu’on revient avec certains classiques, et on les réinvente à la couleur des nouveaux chanteurs qui sont là.»

Autant que possible, à travers quelques pots-pourris ici et là, «la majorité des chansons» du spectacle de Montréal seront livrées dans leur entièreté, cette année, précise Pierre Séguin. «Pour donner la parole aux auteurs et aux autrices, pour qu’ils et elles expriment leur idée complète.»
Gens du pays…
Par ailleurs, juin 2025 marquant le 50e anniversaire de la toute première interprétation de l’hymne Gens du pays, de Gilles Vigneault, qui inaugurait son magnifique texte en 1975 sur le mont Royal, à Montréal, on saluera ce cap important en grand, dans la Vieille Capitale le 23 juin comme dans la métropole le 24 juin.
À Québec, Benoit Landry explique que toutes les personnalités du spectacle, y compris les personnes autochtones, entonneront les célèbres vers Gens du pays, c’est votre tour…. et convieront bien sûr la foule à chanter en chœur elle aussi.
Et à Montréal? Mystère, mais parions que l’instant sera rempli d’émotion.

L’animatrice Guylaine Tremblay compte d’ailleurs viser davantage le cœur des Québécois que de titiller leur fibre politique le 24 juin, elle qui croit d’abord et surtout en l’appartenance à un territoire.
«D’où tu viens? Qui tu es? À quoi et en qui tu crois? Pour qui tu votes, je m’en fous. Tu es ici, au Québec, alors on participe à cette société, pour que cette terre-là, où on vit, soit la plus égalitaire et la plus en paix possible. Évidemment, oui, mettons la langue française de l’avant; mais tu peux être extrêmement fédéraliste et trouver que la langue française, c’est important», plaide la comédienne, qui est la toute première femme (!) à animer le spectacle de la fête nationale à Montréal, et qui succède à Pierre-Yves Lord, qui avait endossé cette fonction pendant trois ans avant elle.
Laissons enfin le dernier mot à Marie-Anne Alepin, présidente du Comité de la Fête nationale du Québec à Montréal (et présidente de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal), qui chapeaute toutes les attractions montréalaises de la Fête nationale… et qui croit fermement au pouvoir salvateur de la fête!
«Tout le monde attend ça tout au long de l’année! Participer aux activités de la fête nationale, ça donne de l’énergie pour le restant de l’année!», estime Madame Alepin.
Maintenant… Dame Nature offrira-t-elle sa collaboration en nous envoyant du temps clément lundi et mardi soir? On croise les doigts!
Le Grand spectacle de la fête nationale dans la capitale, sur les plaines d’Abraham, le 23 juin à 21 h (et en diffusion à Télé-Québec à 21 h 30). Le Grand spectacle de la fête nationale du Québec à Montréal, au parc Maisonneuve, le 24 juin à 20 h (et en diffusion à ICI TÉLÉ et TVA à 20 h 30).